La qualité d'une civilisation humaine se mesure au soin qu'une société apporte à ses membres les plus faibles:
L'enfant, la veuve, l'orphelin, l'étranger, le pauvre et le vieillard.
Pour les vieux normands contraints de vivre dans des collectivités subies faute de pouvoir garder l'autonomie suffisante pour vivre et mourir chez soi, il a été décidé, depuis un bureau parisien de notre République centralisée, de réformer le mode de calcul de la subvention financière que les conseils départementaux sont obligés d'apporter aux EHPAD (Etablissement Hospitalier pour Personnes Agées Dépendantes).
Comme d'habitude, le crâne d'oeuf jacobin certainement brillant et compétent en de multiples matières qui a pondu cette réforme n'avait pas prévu certaines de ses conséquences et il serait temps que le pouvoir jacobin comprenne enfin qu'il est IMPOSSIBLE de tout prévoir et de mettre toute la complexité du réel dans un décret idéal.
Si la prise de décision tenait davantage compte des acteurs du terrain et de leurs expériences on s'épargnerait la peine de les inquiéter inutilement et de les obliger à recourir à l'action syndicale ou à la grève qui devient, à cause de la cécité jacobine parisienne, le mode de fonctionnement habituel de notre pays alors qu'elle devrait être une arme de dernier recours...
Cette question est donc à la croisée de plusieurs autres qui sont fondamentales pour l'avenir de notre région et de notre pays:
1) Comment mieux accompagner le développement du grand âge et prendre en charge la dépendance et assurer la socialisation de nos vieux dans une région dont la population vieillit de plus en plus?
2) Comment assurer la solidaritéà la fois territoriale et intergénérationnelle dans une région dont 20% du PIB se fait grâce à l'économie sociale et solidaire?
3) Faut-il passer à un mode de gestion plus "décentralisé", plus "girondin" et donc plus conforme aux "valeurs normandes" ?
4) Comment éviter que les budgets publics consacrés à notre devoir de solidarité avec nos vieux ne soient aussi une variable d'ajustement financière lorsque des "cost killers" sans coeur et encravatés sévissent dans un grand ministère parisien?
Une réponse ? L'action régionale !
Ci-après, lire le coup de gueule de la fédération hospitalière de Normandie (article de Tendance Ouest, 30 mai 2017):
Moins de moyens pour les Ehpad normands
La réforme de la tarification des Ehpad, les établissements pour personnes âgées dépendantes entrera en vigueur au mois de juin mais la Fédération hospitalière de Normandie juge la situation préoccupante. Certains établissements vont être très impactés avec des pertes de dotations de plusieurs dizaines de milliers d'euros.
La réforme de la tarification des Ehpad inquiète la Fédération hospitalière de Normandie. Marie-Pascale Mongaux en est la vice-présidente en charge du médico-social.
Que prévoit cette réforme?
"C'est une réforme qui touche au budget alloué par le Département aux Ehpad dont le calcul va changer. Auparavant, il tenait compte de la dépendance des résidents de l'établissement et désormais, les départements sont obligés de redistribuer cette enveloppe au regard d'un tarif moyen. Ce principe censéêtre juste masque de nombreuses disparités."
Quelles conséquences concrètes aura cette réforme?
"Sur un de mes établissements de 80 places, c'est une enveloppe de 110 000 euros qui va nous être retirée, ça représente 3,5 postes d'aide-soignant et c'est surtout 20 minutes de moins par jour, par résident."
Qu'attendez-vous aujourd'hui?
"On est très inquiet et on demande un moratoire sur la mise en place de cette réforme ainsi qu'un rendez-vous avec la Ministre."