Un dicton normand dit avec sagesse: "le mauvais temps c'est le temps qui dure trop longtemps". Et la base de la sagesse la plus élémentaire est de faire lucidement le départ entre les réalités sur lesquelles on ne peut rien comme la pluie, par exemple, et les réalités sur lesquelles on peut toujours faire quelque chose, comme, par exemple, la conjoncture économique.
C'est le choix volontariste qui a été fait par Hervé Morin en Normandie en matière de politique publique régionale économique: ne plus confondre l'économie avec la météo. (Même s'il se préoccupe du bulletin météo pour que l'économie touristique normande ne soit pas maltraitée dans les médias...).
C'est donc une démarche globale d'intelligence territoriale qui prévaut tout particulièrement en Normandie et ce pour trois raisons:
1) L'Etat stratège français dans la cage de fer ordo-libérale actuelle de l'Union Européenne a été démantelé alors qu'à l'échelle régionale, a fortiori lorsqu'il s'agit de gouverner une vraie région, les marges de manoeuvres pour expérimenter des politiques publiques originales sont plus grandes que dans les cabinets ministériels parisiens: Hervé Morin est bien placé pour le savoir...
2) La Normandie, notamment dans son ex partie "Basse", a été un laboratoire de réflexion sur l'intelligence économique territoriale grâce à l'impulsion initiale donnée par le préfet de région Rémi Pautrat à la fin des années 1990: les élus des territoires qui font encore une bonne part de leur PIB dans l'industrie et dans l'innovation technologique stratégique ont, plus que les autres, l'obligation d'intégrer l'intelligence économique territoriale dans leurs réflexions. La Normandie dans son ensemble a connu dans les années 1990 la pire crise industrielle de sa longue histoire économique: la leçon semble enfin retenue qu'il ne faut pas confondre la conjoncture économique avec la météo... Surtout en Normandie !
3) La Normandie est désormais la seule vraie région de France sur la carte avec la Corse. Son nom est connu dans le Monde entier. Elle dispose d'un tissu entrepreneurial remarquablement diversifié et équilibré et largement tourné vers l'exportation avec souvent, très souvent, des entreprises leader de leur marché ou de leur technologie... dans le Monde entier. Les réalités normandes, plus que d'autres, méritent d'être gouvernées.
C'est pourquoi, le dispositif Normandie Participations qui prend ces temps-ci sa pleine mesure, fait de notre région le seul territoire de France où l'on ne confond plus l'économie avec la météo pour mettre en oeuvre une véritable politique de souverainetééconomique au service de l'intérêt de tous les Normands.
Pour résumer d'un mot: "Normandie Participations" est la meilleure réponse que l'on puisse faire aux arguments fallacieux d'un Front National qui veut supprimer les régions... justement!
Pour en savoir plus sur le dispositif "Normandie Participations", lire l'excellent compte-rendu proposé par la feulle d'informations Normandie XXL:
http://www.normandiexxl.com/article.php?id=1986
Normandie Participations : impliquer les chefs d’entreprise dans le développement de l’économie normande
Economie. C’était l’étage de la fusée Morin pour mettre la Normandie en orbite des grandes régions le plus complexe à mettre au point mais il est opétationnel depuis septembre 2016. Le fonds Normandie Participations reste pour l’instant une réalisation unique en France qui consiste pour une Région àélargir ses moyens d’actions en faveur des entreprises grâce à la création d’un fonds pour leur financement. Il s’agit d’intervenir directement dans le capital, ce que ne font en général pas les banques et d’accepter de prendre des risques…ce qui les tente encore moins.
Jeudi 9 février, à la villa Le Cercle, à Deauville Hervé Morin avait réuni une centaine de chefs d’entreprise, les uns appartenant à la catégorie de ceux qui contribuent à ce fonds, les autres étant déjà bénéficiaires et aussi tous ceux qui viennent pour le découvrir.
De l’argent normand pour les Normands
L’originalité de la démarche du président de la Région est de vouloir que cet outil soit normandalors que jusqu’à présent les fonds de ce type sont principalement parisiens. Pour cela il faut faire retrouver aux chefs d’entreprise locaux la fibre normande et ce n’est pas évident. Recréer du lien, établir des réseaux pour impliquer les chefs d’entreprises normands, développer l’attractivité de la région…vaste programme auquel le Président a ajouté l’annonce de tout ce qui a été déjàété fait. Au cours de cette réunion Eric Le Boucheréditorialiste au quotidien Les Echos est venu apporter son éclairage économique.
Devenir renard plutôt que coq
La France épargne beaucoup mais les 350 milliards d’euros ainsi générés ne vont guère dans l’économie productive. Pour canaliser les 14% que les Français épargnent vers les entreprises, au lieu de parler de « capital risque » il suggère de parler de « capital productif ». Selon lui : « le rôle des business angels reste trop limité, ils ne représentent guère que 1,4% du capital des entreprises et, au lieu d’utiliser notre épargne sur notre territoire national, celle-ci est exportée. »
Bien que la situation ait évolué, que la BPI se soit vraiment impliquée dans les investissements en entreprises, l’évolution en leur faveur reste insuffisante.
La France a deux animaux symboliques dans son histoire le coq vindicatif, courageux et bagarreur qu’on retrouve dans le sport mais il y aussi le renard celui du Roman de Renart où le goupil ne cesse de jouer des tours au loup Ysengrin. « C’est un animal rusé qui convient bien à l’esprit normand et dont nous ferions bien de nous inspirer car les temps sont à l’agilité » suggère-t-il. Au renard comme à l’homme on peut appliquer la devise « Semper peccator, semper justus» : pécheur impénitent, mais toujours en règle, ce qui nous ressemble beaucoup. Eric Le Boucher voit notre économie normande trop diversifiée et nous incite à faire des choix, l’agroalimentaire étant une voie royale pour la Région.
Déjà 6,3 millions d’euros d’investis dans 10 entreprises
13 personnalités de l’entreprise forment le Conseil d’Administration du Fonds de Participation* qui est présidé par Franck Murray, président de la société Ipdia.
Le fonds prend la forme d’une société par actions simplifiée (SAS). Son capital sera doté par la Région Normandie, unique actionnaire, de 100 millions d’euros d’ici 2019.A terme, Normandie Participations se donne pour objectif une vingtaine de prises de participation par an pour environ 15 à 20 millions d’investissements.
Depuis son lancement opérationnel en septembre 2016, le fond Normandie Participations a reçu plus de 150 demandes de porteurs de projets et enregistre 3 à 4 nouveaux dossiers par semaine.
Au total, 6,3 millions d’euros ont déjàété investis. Le fonds régional Normandie Participations est intervenu pour des montants allant de 150 000 euros à 2 millions d’euros auprès de 10 entreprises dans des secteurs variés dont :
- 1,5 million d’euros pour l’industriel Metalvalue Powder, spécialisé dans la production de poudre métallique atomisée au gaz, qui s’implantera à Pîtres (27) que nous avons déjà présenté.
- 2 millions d’euros pour la société Remade In France de Poilley (50), spécialisée dans le reconditionnement de smartphones. La société de Mathieu Millet a déjà vendus 500.000 smarphones et il a annoncé, lors de la soirée, le lancement d’un recrutement de 150 personnes, ce qui portera son effectif 450 personnes. Il prévoit de passer des réseaux de distrution spécialisés à la Grande Distribution.
- 175 000 euros pour l’entreprise Anfray de Dieppe (76), spécialisée dans l’industrie des flexibles, l’entreprise est dirigée par Valéry Jimonet qui pense que : « l’attractivité de la Normandie va se développer car les cadres de la région parisienne sont en quête d’une meilleure qualité de vie qu’ils trouveront ici. »
- 150 000 euros pour Malkyrs studio, implantée à Caen (14), jeune entreprise innovante dirigée par Paul Vaudandaine qui développe, fabrique et commercialise des jeux de cartes connectées. Il a réussi le mélange du monde physique et du monde virtuel.
- 400 000 euros pour Datexim, entreprise caennaise spécialisée dans l’imagerie médicale et dans les technologies de lutte contre le cancer
- 1,5 million pour la start-up Robocath de Rouen (76), présidée par Philippe Bencteux qui développe des dispositifs médicaux de robotique pour traiter les pathologies cardiaques
- 400 000 euros pour l'entreprise Sinay de Caen (14), spécialisée dans les études d’impact sous-marines
- 800 000 euros pour Bim&Co de Saint Romain De Colbosc (76), spécialisée dans la modélisation et la digitalisation pour les acteurs de la contruction.
Depuis sa création, Normandie Participations a tissé des liens avec les fonds d’investissement clé de Normandie (Go Capital et NCI) et avec les filiales des banques du territoire (Crédit Agricole, Caisse d’Epargne, BNP, Société Générale et Crédit Mutuel).
Un travail étroit est également mené avec les Business Angels normands et avec le Réseau Entreprendre (partage d’information, réorientation de projets).
- Conseil d’Administration de Normandie Participations : Franck Murray, Sabrina Delaunay, Alexandre Wahl, Benoît Pellerin, Jean-Marie Piranda, Ludovic Spiers, Laurence Benissan, Pierre Riou, François Alexandre, Vianney de Chalus, Francis Labrunye, Jean-Lou Delourmel, Claude Guez
Commentaire de Florestan:
Nous ne pouvons qu'approuver cette démarche volontariste d'une souveraineté normande pour reprendre la main sur le moteur même de l'économie: le contrôle du capital pour le mettre, enfin, au service de l'intérêt général. Un regret que nous espérons provisoire cependant: le conseil d'administration de Normandie Participations devrait s'ouvrir plus largement sur la société civile active normande car les salariés, des employés aux cadres, ont aussi des réflexions pertinentes à formuler sur l'avenir des entreprises normandes.
La souverainetééconomique et le capitalisme participatif ne sont pas des vieilles lunes gaullistes ou rocardiennes mais bien nos seules solutions d'avenir. Et il est heureux que la Normandie soit, une fois de plus, une terre d'expérimentations.