Plus que jamais, le cas normand se doit d'être EX-EM-PLAIRE!
Et il semble qu'Hervé Morin, le seul président de nouvelle région qui prend actuellement son nouveau mandat de président de région au sérieux (les autres attendent 2017) en ait parfaitement conscience:
La Normandie est belle et bien la SEULE nouvelle région fusionnée légitime.
La Normandie réunifiée, seule région légitime entre la Bretagne toujours amputée à l'Ouest et des grands machins néo-régionaux dans l'Est mais surtout dans le Sud...
Le cas normand est le laboratoire de la réforme territoriale qui, ailleurs, file tout droit à l'échec devant l'extrême complexité d'une fusion des moyens humains et techniques sur le territoire nouveau du grand machin régional. L'Etat et le législateur se sont montrés particulièrement désinvoltes en laissant les nouveaux conseils régionaux se débrouiller avec les enjeux de la fusion, au nom du principe constitutionnel de la libre administration des collectivités territoriales constituant la République française. A la marge, il y a bien un support technique et financier proposé par le ministère de la réforme de l'Etat mais c'est bien peu.
C'est pourquoi, une nouvelle fois, le cas normand risque d'être EX-EM-PLAIRE:Hervé Morin doit prochainement négocier avec l'Etat une rallonge budgétaire et un "instrument de gestion" sur mesure pour la fusion normande. Le dossier, par sa complexité et ses implications humaines n'est pas sans rappeler celui de la question ferroviaire. Et il y eut, tout récemment, des difficultés sérieuses dans le pilotage de la réorganisation des ressources humaines du conseil régional normand qui démontrent que ce dossier ne peut être totalement délégué dans sa gestion par le président de région. Il semble qu'Hervé Morin en ait fait son affaire personnelle désormais pour que la confiance ne soit pas rompue compte tenu de l'enjeu, précieux, qui fait l'unanimité chez tous les personnels territoriaux concernés: réussir le projet normand!
Ne serait-ce que pour éviter ce qui est dénoncé, non sans caricatures, dans l'exemple proposé ci-dessous, provenant de l'intérieur du conseil régional de la GRAANNDE Aquitaine...
"Absolument dé-bor-dée !", le pamphlet qui ne passe pas chez les fonctionnaires
Par Cyriel Martin
Absolument dé-bor-dée ! Un ouvrage au titre prémonitoire. Son auteur, Zoé Shepard - il s'agit d'un pseudonyme - en sait quelque chose. Cette trentenaire, qui écrit depuis l'âge de six ans et publie ici son premier livre, n'imaginait certainement pas que cette parution, en mars dernier, susciterait autant de remous. "Je pensais que ça allait passer comme une lettre à la poste", confie la principale intéressée au Point.fr, vendredi. Pourtant, le tapage autour de son livre a été tel que la jeune femme est désormais sous le coup d'une probable exclusion de la fonction publique pendant deux ans. Sans solde. Comment en est-elle arrivée là ?
À l'origine, il y a donc cet ouvrage, Absolument dé-bor-dée !, sous-titréLe paradoxe du fonctionnaire. Mais il y a surtout ce bandeau, qui barre la couverture sur toute sa largeur : "Comment faire 35 heures en... un mois". L'accroche est volontairement provocatrice... Et ce n'est encore rien par rapport au contenu. En près de 300 pages, l'auteur dresse un portrait au vitriol de la fonction publique territoriale. Incompétences chroniques, arrêts de travail abusifs, réunions inutiles, népotisme généralisé...
Le maire comparé au "Parrain" de Coppola
Le trait se veut volontairement exagéré, quitte à verser dans la caricature. "L'importance des élus de la collectivité ne se mesure certainement pas aux réalisations qu'ils accomplissent (...) Ici, elle se mesure à la capacité de reclassement de leur maîtresse dans l'organigramme de la collectivité", écrit ainsi Zoé Shepard dans les premières pages de son récit. "Le cabinet d'une collectivité locale est malheureusement trop souvent à l'intelligence et à l'efficacité ce que les prisons afghanes sont aux droits de l'homme", poursuit-elle un peu plus loin. Quelques pages plus tard, la haut fonctionnaire a pris ses marques, et préfère rire de sa situation. "Si l'envie de bosser te prend, assieds-toi, prends une grande inspiration et attends que ça passe", ironise-t-elle froidement.
Mais rapidement, la colère prend le pas sur la déception. Et le ton devient aigre, pour ne pas dire méchant. La directrice des Affaires internationales est surnommée "l'Intrigante". L'assistante du directeur "Coconne". Son supérieur hiérarchique immédiat est "Simplet". Le directeur de communication du maire est "l'abruti de première classe". Et, cerise, le maire en personne est appelé le "Don", en référence à Don Vito Corleone dans Le Parrain de Coppola. Aux yeux de Zoé Shepard, ce n'est qu'un "crétin des Alpes suisses", parfaitement incompétent. Même l'école qui l'a formé dans la vie réelle, le prestigieux Institut national des études territoriales (INET), est écorné, se voyant rebaptisé"École territoriale d'administration"... ETA.
Devoir de réserve et liberté d'expression
Une charge sans concession qui vaut à Zoé Shepard de violentes critiques de ses confrères dès la sortie de son livre. "Pourtant j'avais pris toutes les précautions", explique-t-elle. Lors de ses premières apparitions médiatiques pour promouvoir son livre, la jeune femme est en effet affublée d'un bonnet péruvien et de grosses lunettes de soleil, sa voix est informatiquement modifiée. Mais la rumeur ne tarde pas à se répandre. Des collègues et anciens camarades de classe reconnaissent la plume de Zoé, qui, jusqu'à la parution du livre, tenait un blog sur ses déboires professionnels. Elle reçoit quelques encouragements. Mais surtout des menaces. "Tout ce que tu écris est vrai, mais il ne fallait pas l'écrire", lui aurait-on notamment reproché. Ça, et des accusations de "démagogie", de "lâcheté"...
Un réflexe de "corps", d'après elle, qui va avoir des conséquences bien plus graves. Rapidement, le conseil régional d'Aquitaine, présidé par le socialiste Alain Rousset, se reconnaît dans les descriptions de la jeune femme. Bien que l'institution ne soit pas nommée dans l'ouvrage, le dirigeant estime que Zoé Shepard a outrepassé son devoir de réserve et que certains passages du livre sont "injurieux, grossiers, et diffamatoires". La jeune femme lui oppose sa "liberté d'expression". Elle argue que si "90 % des anecdotes ont une base réelle", "tout est romancé". "Chaque personnage de mon livre est en réalité un mélange de deux ou trois vraies personnes", explique-t-elle. Des précautions qui ne permettent pas à Zoé Shepard d'éviter le conseil de discipline du conseil régional d'Aquitaine. Cette instance s'est prononcée jeudi pour une exclusion de la jeune femme de la fonction publique pendant deux ans, sans rémunération. La sanction définitive incombe désormais au président de région, Alain Rousset. Il a un mois pour se décider.