On se souvient de la blague de Coluche... "Trois deux... Match nul"
Match nul en effet que celui imposé par un "'R de capitale" maladroitement inscrit sur les cartons de voeux de la mairie de Rouen: à croire qu'Yvon Robert veuille passer pour le cancre du cas d'école normand alors que son patron véritable, Frédéric Sanchez, le maire du Petit Quevilly et président de la "métropole Rouen Normandie" a une position plus subtile en soutenant le principe du partage équilibré des rôles entre Caen et Rouen comme l'a déjà suggéré le patron du patron, un certain Laurent Fabius qui avait proposé en septembre dernier que Caen soit le "chef-lieu" en tant que préfecture régionale et que Rouen soit la métropole capitale régionale en tant que siège du conseil régional...
Cette solution d'équilibre ferait, selon nos informations, le plus consensus en haut lieu:
C'est celle que défend le député PRG Alain Tourret (un signe...) lui qui avait tant pris soin de faireéclater la notion traditionnelle de "capitale régionale" par ses amendements intégrés dans la loi qui vient d'être validée par le conseil constitutionnel.
En effet, il faut, désormais, parler du "chef-lieu"siège de l'Etat en région (préfecture), du siège de l'hôtel de région (administration régionale) et du lieu de réunion de l'assemblée régionale: les amendements Tourret prévoient qu'il ne soit plus obligatoire que les trois fonctions soient dans la seule ville. Que la future assemblée régionale aura à décider par une majorité aux 3/5ème, où mettre l'hôtel de région et où réunir l'assemblée régionale avant le 1er juillet 2016 date à laquelle un décret du gouvernement fixera définitivement la ville choisie en cas de désaccord des élus.
Sachant qu'il reviendra à l'Etat de fixer par décret un "chef-lieu provisoire" pour la nouvelle région (siège de la préfecture) entre le printemps prochain (après les élections départementales) et le 31 décembre 2015.
Donc, quoiqu'il arrive, Rouen ne sera pas Capitale régionale unique!
Yvon Robert nous prend donc pour des imbéciles (à moins qu'il ne le soit lui-même...). Le conseil régional normand aura donc deux sites: la caserne Jeanne d'Arc à Rouen et l'abbaye aux Dames à Caen.
Il y aura donc répartition des rôles (pour être précis: des directions dépendantes de l'Etat en région et du conseil régional, les services de base actuellement présents tant à Rouen et à Caen ne bougeront pas...)
Il y a plusieurs scénarios possibles et les études actuellement menées par le collectif des Quinze géographes universitaires normands démontrent que des scénarios équilibrés, gagnant/gagnant, respectueux de ce qui existe déjà et des profils des deux capitales historiques normandes sont possibles...
- SCENARIO 1 (le plus probable actuellement)
CAEN "chef-lieu" préfecture de région / ROUEN "capitale régionale" conseil régional
Avec directions spécialisées de la préfecture régionale à Rouen et directions spécialisées du conseil régional à Caen
Avantage: obliger Rouen à prendre enfin en charge l'intérêt général normand pour filtrer l'influence parisienne. Caen en position centrale en Normandie pour la présence de l'Etat (un Etat "déconcentré en région" qui prépare le renforcement du pouvoir des préfets qui seront directement placés sous la coupe du Premier ministre)
Inconvénient: le relatif excentrement oriental de Rouen n'aidera pas le futur conseil régional normand a acquérir la culture et l'expérience d'un aménagement équilibré de toute la Normandie comme pourrait l'y inciter la centralité caennaise. Un conseil régional normand à Rouen, c'est donc un choix volontariste pour que Rouen soit enfin une métropole régionale 100% normande !
- SCENARIO 2 (le plus conforme au profil des deux villes )
CAEN "Technopole" universitaire et scientifique, capitale culturelle et intellectuelle de la Normandie ("l'Athènes normande") / ROUEN "métropole capitale politique et administrative" ("Rouen notre Babylone")
Avec à Caen: direction des universités, académie, rectorat, CNRS, direction régionale des lycées, DRAC, direction des affaires culturelles de la région, FRAC, inventaire et patrimoine, politique du Livre et de l'Image, formation supérieure, politiques régionales de développement de l'innovation, de la recherche...
Avec à Rouen: tout le reste (préfecture et conseil régional)
Avantage: le rôle le plus valorisant pour Caen, "capitale de la matière grise normande"
Inconvénient: trop grand déséquilibre entre les deux villes et risque de spécialisation trop exclusive des deux villes.
- SCENARIO 3 (le scénario idéal, finalement le plus réaliste, à long terme)
CAEN- ROUEN- LE HAVRE: "métropole capitale régionale en réseau de villes"
Avec une répartition équilibrée des fonctions de direction entre les trois agglomérations selon une cohérence fonctionnelle entre administration de l'Etat et administration de la Région. C'est le scénario sur lequel travaillent les géographes universitaires normands du collectif des Quinze avec plusieurs variantes possibles.
Avantage: c'est innovant, on est au XXIe siècle et non plus au XIXe siècle. Assumer pleinement la géographie urbaine normande et son potentiel en créant une "Randstad"à la normande.
Inconvénient: cette solution serait trop idéale, trop compliquée à mettre en oeuvre pour les cancres du cas d'école normand ! Tous les élus nous parlent de construire cette métropole "tripole" mais, concrètement, ils font tout le contraire.(par ex: faire trois pôles métropolitains au lieu d'un seul)...
Il y a quarante ans, ils nous disaient tous que l'unité normande était la solution d'avenir mais ils ont fait, pendant quarante ans, tout le contraire !
La question de faire l'unité métropolitaine dans une région normande unifiée est donc notre nouvelle frontière !
En attendant... place au MATCH NUL
Capitale de la Normandie: la résistance caennaise s'organise sur les réseaux sociaux
Alors que la ville de Rouen vante son "R" de capitale, des Caennais ont décidé de défendre la place de leur ville dans la future Normandie réunifiée en créant une groupe Facebook.
- CM
- Publié le 22/01/2015 | 17:12

Depuis quelques semaines, la capitale haut-normande ne fait pas mystère de ses ambitions/prétentions et se présente sur son site internet comme "capitale normande". Pour la nouvelle année, elle a inauguré un nouveau slogan sur sa carte de voeux: Rouen, un R de capitale. Le 15 janvier dernier, le premier magistrat de la ville, Yvon Robert enfonçait le clou en affirmant qu'il n'y avait "pas de débat, pas de match". Seule réaction politique bas-normande, celle du maire de Caen, Joël Bruneau, qui s'était fendu d'un tweet pour répondre à son homologue haut-normand.
La page Facebook Oùtrouverquoi avait répondu à la municipalité de Rouen en lançant le slogan "C...comme Caen capitale". C'est à peu près ce slogan que reprend aujourd'hui un groupe Facebook tout juste créé: "Caen, C...comme Capitale". Les créateurs de cette page invitent les "Caennais, voisins ou amoureux de cette ville"à rejoindre ce groupe pour "provoquer le débat et montrer votre détermination a participer au débat".
Une dernière année pour la Basse-Normandie... et après
21h29 - 22 janvier 2015Ce jeudi 22 janvier 2015, c'est la der des der pour le président de la région Basse-Normandie. Laurent Beauvais présente ses vœux avec émotion, dans l'Abbaye aux Dames. En 2016, c'est au président de la Normandie unifiée, élu en décembre 2015, que reviendra cette tâche.
L'exercice est traditionnel, mais cette année est particulière, car fin 2015 la région va disparaître. De nombreuses personnalités sont présentes pour ces voeux : le préfet de région Basse-Normandie Jean Charbonniaud, la préfète de l'Orne Isabelle David, le président du Conseil Général de la Manche Jean-François Legrand... Plus surprenant, le président du Conseil Régional de Haute Normandie, Nicolas Mayer-Rossignol, était lui aussi invité. Il a répondu présent, "comme n'importe quel autre invité" se plait-il à souligner. Sauf que sa présence pour cette soirée de voeux ne fait pas partie des traditions.
Nicolas Mayer-Rossignol, discret, ne fera pas de discours ce soir. Ce sont, encore pour une année, les voeux du président bas-normand.
Laurent Beauvais, lors de son allocution s'avance un peu, mais pas trop. Il rappelle son attachement à sa région, à la ville de Caen.
"Caen devra occuper une place centrale dans la Normandie réunifiée". Laurent Beauvais
Pourtant, pas de guerre ouverte. "Il ne faut pas opposer Haut-Normands et Bas-Normands, il ne faut pas opposer Caen et Rouen". La question de la tête est éludée, on parlera plutôt de répartition des compétences. Il y a eu "une sorte de gouvernance au sein de la Basse-Normandie" souligne Laurent Beauvais "ce modèle doit devenir normand". Qui dit gouvernance dit décentrement des lieux de décision. Rouen, Caen, Le Havre, Evreux... chacun pourrait bien récupérer sa part de compétences.
Commentaire de Florestan:
Laurent Beauvais a, en effet, beaucoup insisté sur la construction d'un modèle normand de gouvernance régionale qui pourrait prendre le relai d'un modèle breton... à bout de souffle!
Ce modèle normand pourrait s'appuyer sur les TROIS valeurs normandes suivantes:
1) La modération(Tocqueville dont on fête aujourd'hui le 180ème anniversaire de la parution de son ouvrage; "la Démocratie en Amérique", se disait: "Normand, violemment modéré")
2) Le temps du débat et de la réflexion avant de décider (cf. le fameux "ptêt ben qu'oui, ptêt ben qu'non")
3) Le respect des personnes individuelles (au coeur du droit normand)
Voir aussi:
http://france3-regions.francetvinfo.fr/basse-normandie/emissions/jt-1213-basse-normandie