Et pas certain que la PRAVDA du Grand Ouest aime davantage l'effusion régionale:à peine Ouest France tolère -t-il les épanchements bretons dès lors qu'ils pourraient se diluer dans une"région" Grand Ouest qui correspond, comme par hasard, à la zone de diffusion du premier quotidien régional français...
D'une manière générale, on constatera par la preuve des exemples présentés ci-dessous et prélevés dans deux éditions récentes de Ouest France (édition caennaise en date du 9 et 10 avril 2014) que Ouest France a, finalement, bien du mal avec le concept de régionqui n'est pas seulement qu'un espace d'opportunités économiques et politiques ou qu'une zone de diffusion médiatique avec des habitants passifs et captifs.
Jamais il ne nous sera expliqué ce que des vraies régions assises sur de vrais territoires dotées des compétences et moyens nécessaires pourraient apporter aux populations. Pas la moindre présentation du moindre projet de territoire. Sauf, bien entendu, pour une éventuelle future région "Grand Ouest"!
De façon sybiline, on tente de nous démontrer qu'un redécoupage territorial n'aurait aucun intérêt puisque tout l'attirail argumentaire relayé par Ouest France provient des notables qui ne veulent pas bouger avec, à l'appui, un vague sondage sur ce que pourrait en penser les habitants concernés alors que toute tentative pour informer les gens de la question régionale est combattue ou volontairement ignorée:de cette morne plaine des identités régionales vue sous l'angle de Ouest France n'émerge que la médiocre hauteur bretonne qui parait ainsi beaucoup plus haute qu'elle n'est...
Mais, fort heureusement, il y a le regard de Chaunu...
Tout d'abord, l'édito de Michel URVOY: on dirait du Jacques AUXIETTE, l'inénarrable baron règnant sur sa néo-féodalité ligérienne et qui réclame à l'occasion du "big bang" territorial la création d'une région Grand Ouest par fusion de la Bretagne et des Pays de la Loire... Le point de vue est typiquement"con-servateur": surtout ne pas toucher au mille-feuille tel qu'il est: Michel URVOY est un fin gourmet qui aime les pâtisseries, même lourdes ! Concernant les départements, par contre, il faut moins les supprimer que les transformer en échelons de proximité des futures régions. Mais de cela URVOY n'en dira rien: un conservateur qui éditorialise ça doit d'abord faire peur... Convaincre en proposant et en expliquant ? On verra plus tard !
Ensuite un sondage sur l'attachement aux régions telles qu'elles sont qui démontrent surtout que face à l'inconnu, en période de crise sociale et économique, les gens ne veulent pas changer car"un tiens vaut mieux que deux tu l'auras"!Ce sondage illustre donc moins l'attachement aux régions que l'indifférence pour des réalités géographiques et institutionnelles encore mal connues faute d'un vrai débat public régional ou de médias régionaux qui aient véritablement le"reflet régional" comme angle de travail: l'arrivée de vraies régions permettra mécaniquement d'inverser cet état de fait !
On pourra pousser ce constat jusqu'à la caricature avec la comparaison régulièrement faite par Ouest-France entre la Bretagne et la"Normandie Basse": c'est ainsi que la moitié occidentale de la Normandie apparait dans les pages de Ouest France dès qu'il y a comparaison avec nos "amis bretons". Sciemment, Ouest France entretient le complexe d'infériorité ou le complexe d'introversion qui serait typique du caractère "bas-normand": bah voyons ! Cessons de nous prendre pour des imbéciles ! Le sondage dont il est encore question ci-dessous démontre surtout que la valorisation de la culture et de l'identité normande n'est pas assez faite... Comment voulez-vous mieux aimer ce que vous ne connaissez pas assez?
Bien entendu, la direction de Ouest-France doit penser qu'en cas de référendum sur la fusion de la Normandie, les lecteurs Bas-normands de Ouest-France voteraient contre: est-ce si sûr?
En attendant cet hypothétique référendum sur la fusion normande que nous ne souhaitons pas car il faudrait autre chose que Ouest-France pour informer nos concitoyens, un journaliste de la rédaction caennaise avoue sa lassitude devant l'énième retour du serpent de mer de la réunification: néanmoins, l'angle d'approche évolue enfin un peu... Jusqu'à présent, par habitude, on ne traitait que de la question institutionnelle de fusionner deux conseils régionaux avec pour seuls acteurs de la pièce les bonimenteurs professionnels d'eux-mêmes de la vie politique. Mais depuis peu, parvient aux oreilles des journalistes de Ouest France la rumeur d'une Normandie déjà et de plus en plus réunifiée par les initiatives de la société civile...
On sentira enfin l'agacement d'un journaliste qui connait que trop son sujet et qui ne voit toujours rien aboutir car un président de région normand est pour et l'autre est pour aussi mais fait tout pour nous prouver le contraire: voilà des enfantillages qui nous éloignent de l'urgence d'un pacte de responsabilité !
Apparemment il n'y a pas que le journaliste de Ouest-France àêtre agacé par les "tergiversations"!
On s'interrogera sur l'argument "sans aucun tabou, sans démagogie et sans hypocrisie" du clone d'Alain Le Vern qui affirme sans plus de précision que les relations concrètes entre Haute et Basse Normandie sont faibles: NMR a oublié la mauvaise foi dans sa liste de tabous en faisant passer une conséquence de la division normande pour une cause de celle-ci ! Si tel était le cas, alors pourquoi les caisses d'Epargne normandes ont-elles fusionné avec succès depuis 2008?
De quoi "Région" est-il le nom?
Enfin, une nouvelle fois, les grands ciseaux sont de sortie pour tailler la carte des territoires: sauf que dans ce pays malade de sa centralisation jacobine et parisienne, bien peu de responsables politiques ou technocratiques savent ce que vraiment veut dire le mot "région" !
Une région, c'est un territoire géo-historique clairement identifié par ses habitants et approprié par eux avec un potentiel économique, une image voire, une identité et un réseau de villes avec la présence, si possible, d'une métropole: il est possible de proposer une carte de France avec 15 régions respectueuses des évidences géo-historiquesà partir de la matrice départementale issue de la Révolution française et qui, grâce à la sagesse des députés constituants de 1790, a su pérenniser l'héritage toujours vivant des anciennes provinces...
Nous nous sommes donc permis de corriger la carte des régions de France proposée par le rapport du comité Balladur (2010)