Lire cette brève, édifiante, tirée de la Chronique de Normandie éditée par Bertrand Tierce (n°568 datée du 4 février 2019):
Métropole Rouen Normandie Début d’une bronca contre la gouvernance verticale.
La proposition de Frédéric Sanchez de signer, pour la période 2020-2026, 71 contrats de co-développement avec chacune des communes de son agglomération provoque de nombreuses réactions.
- C'est d'abord la gouvernance "verticale et jupitérienne" qui est remise en cause. "J'ai été surpris, lui écrit, le 17 janvier, Yvon Robert (Rouen), par cette méthode consistant à faire des annonces publiques sur des sujets d'importance sans que nous, collègues maires, ayons pu en échanger en amont". Dans un autre courrier, Pascal Houbron (Bihorel) reprend le même argument et plaide pour une gouvernance horizontale et partagée: "la Métropole n'est pas une collectivité comme les autres. Par son statut, elle est l'émanation des communes et ce sont les maires qui doivent donner les grandes orientations et non l'inverse."
Beaucoup d’élus pensent la même chose, c’est le début d’une bronca. Une proposition prématurée et mal venue. C'est ensuite, le moment choisi par Frédéric Sanchez qui est critiqué. "Vous proposez d'approfondir la préparation des projets de la prochaine décennie alors même que les élections municipales ne sont pas passées”. Pareillement, ils estiment que la crise sociale d'aujourd'hui témoigne de la volonté des citoyens d'être associés à la décision publique et que la contractualisation proposée est en décalage avec cette volonté.
Mon commentaire:
Rappelons qu'Yvon Robert, 1er vice-président de la Métropole, est , en principe, un allié de Frédéric Sanchez, tandis que Pascal Houbron est l'un de ses opposants. Une chose est sûre, la contractualisation annoncée a déjà du plomb dans l'aile.
Commentaire de Florestan:
Rappelons surtout que la Métropole de Rouen est celle qui rassemble le plus de communes membres en France: on voit avec quelle peine on ne gouverne plus l'Union européenne avec 28 états membres. La métropole de Rouen et ses 71 communes membres est quasiment ingouvernable en l'état. Autre problème: la métropole de Rouen dispose de la commune centrale, celle qui justifie l'intercommunalité tout autour, la plus faible en nombre d'habitants des métropoles françaises. L'idéal serait que la commune de Rouen puisse fusionner avec les communes adjacentes qui sont dans la continuité urbaine de la commune centrale rouennaise. L'idéal serait aussi que le maire de Rouen soit, de façon incontestable et incontesté le président de la métropole de Rouen: un combat des chefs autour d'un sous-chef ou de deux chefs au lieu d'un seul, cela ne peut pas marcher comme cela bien longtemps.
A moins d'inventer autre chose de totalement innovant et de radical et qui dans l'histoire institutionnelle urbaine a déjà existé, à savoir le grand conseil de ville avec de beaux et prestigieux exemples à méditer en Italie, du côté de Venise, Florence, Sienne mais aussi dans le Nord de l'Europe avec les villes de la Hanse.
Dans ce cas du conseil de ville doublé de conseils locaux de citoyens associés à l'élaboration des décisions, la présidence du conseil n'est qu'une sinécure "inter pares" honorifique à durée limitée dont le prestige n'est pas lié aux vertus personnelles d'un chef mais dépend de la légitimité de représenter dignement une souveraineté collective.
Nous suggérons donc à MM. Sanchez et Robert ainsi qu'aux maires de la métropole de Rouen de méditer ceci:
Voir aussi les analyses de l'historien Patrick Boucheron: en 1338, le gouvernement communal de Sienne craint la... tyrannie!