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COMME D'HABITUDE: Le pouvoir parisien promet à la Bretagne ce qu'il refuse à la Normandie

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Dans son entretien accordéà Paris-Normandie diffusé le 8 février 2018, Edouard Philippe répondait à une question pertinente du journaliste sur l'opposition girondine et normande d'Hervé Morin en déclarant qu'il préférait travailler avec les présidents de la Bretagne et des Pays-de-la-Loire pour contractualiser et accorder des expérimentations de transferts de compétences comme l'appelle de ses voeux Hervé Morin quand il invoque un "pacte girondin"autrefois annoncé par un Macron en campagne.

Il se confirme que le pouvoir n'aime pas l'opposition fut-elle démocratiqueet préfère avoir à faire à des "partenaires" dociles: on constatera donc que pour compenser la fin du projet de Notre-Dame-des-Landes, les régions administrées depuis Rennes et Nantes obtiennent des "contrats cousus main" alors que la politique nationale des contrats de plan est au point mort, comme d'habitude, les Bretons et les Ligériens (ce qui revient quasiment au même) font exception. 

Dans ce pays marqué par un Etat central autoritaire (c'est-à-dire sans autorité respectée et respectable) il faut avoir la tête dure quitte à respirer parfois des gaz lacrymogènes pour obtenir quelque chose...

On constatera aussi que pour un président de région il semble plus facile de contractualiser avec un Premier ministre dit de "gauche" ou du moins appartenant à la boutique politique d'en face plutôt que d'avoir à le faire avec un Premier ministre proche de son camp et surtout originaire de la même région: il est évident qu'Edouard Philippe ne donnera jamais 1,4 milliards d'euros à la Normandie comme l'avait fait Manuel Valls en avril 2016. L'ancien député-maire du Havre réussit ainsi le tour de force de nous rendre le Catalan sympathique!

Enfin, on doit aussi constater que les transferts de compétences consenties à titre expérimental par le très jacobin Philippe aux Bretons concernent des sujets concrets tel que le logement (avec pour objectif d'augmenter plus encore l'attractivité des métropoles ligéro-bretonnes qui deviennent de véritables aspirateurs à jeunes dans tout l'Ouest de la France). Mais, en terme d'enjeux, ces transferts restent mineurs: le cas de la Normandie est tout autre puisque le président Morin demande la régionalisation du premier système portuaire du pays.

La Normandie est une région dont le potentiel industriel, économique et maritime est d'intérêt national et notre région est située dans le voisinage immédiat de l'Etat central jacobino-parisien avec un ancien député-maire du Havre comme Premier ministre:

La triple peine!

  • A lire dans les Echos (11 février 2019): Edouard Philippe couvre la Bretagne de promesses...

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  • Lire aussi la dernière réplique du Réseau citoyen du cercle Normand de l'Opinion au sujet du bricolage portuaire imaginé par un ancien député-maire du Havre semble-t-il plus à l'aise comme Premier ministre en Bretagne qu'en Normandie région foncièrement plus "industrialo-popu":
… Sed persevare diabolicum !

Communiqué du Réseau citoyen du Cercle Normand de l'Opinion


La fusion des ports de l’Axe Seine, qui n’aura pas lieu avant 2021 (les lenteurs des hautes structures administratives sont incompatibles avec le bouillonnement portuaire mondial actuel…), est l’occasion pour le Premier ministre de réaffirmer l’immobilisme conceptuel de la politique maritime de l’État français (cf. Paris-Normandie, 8 février 2019).
Que déclare Édouard Philippe ?
  1. Pour figurer dans le Top 5 des ports du Northern Range, il faut transformer le G.I.E. Haropa en un ensemble portuaire unique. L’antienne, défendable, n’est pas nouvelle. Encore faudrait-il que fussent respectées les spécificités – très différentes – des deux Grands Ports Maritimes du Havre et de Rouen et du Port Autonome – fluvial – de Paris. Ce n’est pas une tâche impossible, mais il faudrait que tous les acteurs (Région, collectivités locales riveraines, usagers, syndicats) fussent, avec le partenaire État, associés à la gouvernance de l’ensemble et qu’il y eût une direction pérenne pour mener une politique de développement à long terme, stratégique et anticipatrice.
  2. Le Premier ministre maintient le principe d’une autoritéétatique sur les G.P.M. de Rouen et du Havre et le Port Autonome de Paris. Cela veut dire que ce seront encore des hauts fonctionnaires, nommés par le Gouvernement, interchangeables selon le déroulement de leur carrière, qui dirigeront nos ports. Édouard Philippe rejette donc l’idée ET d’une régionalisation des ports ET d’une véritable autonomie de gestion (qui fait en grande partie le succès des ports belges et hollandais). Le leitmotiv de la nouvelle politique maritime (sic !) est donc : « Tout change pour que rien ne change». Les bureaux parisiens de Matignon et de Bercy, dont les compétences en matière de commerce maritime, sont… erratiques – et ce, depuis des décennies – géreront à la petite semaine et, disons-le carrément, politiquement le devenir maritime normand.
  3. La preuve ? On recycle dans un conseil de surveillance de l’ensemble de vieux chevaux ou haridelles de retour qui n’auront, d’ailleurs, qu’un rôle subalterne a posteriori de contrôle ou d’approbation.
  4. L’Axe Seine étant déjà sous la houlette de Matignon, l’État accentue ainsi la mise en tutelle de la « Normandie utile », tournant le dos à la politique de régionalisation et de mise en cohérence de l’ensemble régional normand.
  5. Rien n’est dit – et pour cause – sur les ardentes nécessités de la chatière au Havre, de la réalisation de lignes de fret ne se limitant pas au tronçon Serqueux – Gisors, vers le Sud-Est, vers l’Est (on parle actuellement des voies ferrées rapides de la Route de la Soie arrivant à Duisbourg), de la modernisation concomitante de la Seine et de l’Oise inférieure pour contrebalancer le fameux (et coûteux) Canal Seine – Nord – Europe.
  6. Sous prétexte de ne pas vouloir « encourager l’émergence de baronnies », l’ex-Maire du Havre n’ose pas se prononcer sur l’emplacement du siège de la future entité portuaire… C’est qu’il y a anguille sous roche et qu’on nous prépare, au nom des commodités de gestion interministérielles, le choix de Paris, encore Paris

Depuis Philippe IV le Bel, les « marchands de l’eau » parisiens guignent le contrôle du trafic sur la Seine… Le problème aujourd’hui n’est pas que fluvial. Paris, mentalement, est loin de la mer…

Le Havre, 10 février 2019
C.N.O

 


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