Billet de Florestan:
Je ne sais plus qui est l'auteur de ce bon mot au sujet des journalistes... "Les journalistes forment la seule caste d'intellectuels qui s'autorisent le droit de travailler avec leurs préjugés". C'est pratique, car au moment d'écrire un papier ou de faire le montage des images, ça permet d'aller plus vite ou de répondre à la commande du directeur de la rédaction qui souhaite partager avec ses lecteurs ou ses spectateurs, sa vision du monde. Cela porte même un joli nom dans le jargon des journalistes: ils appelent cela "avoir un angle"... Cela peut être légitime, à condition que les lecteurs en soient clairement informés.
J'anticipe la réaction acrimonieuse d'un Marommix: l'Etoile de Normandie fait aussi la même chose. Effectivement.Nous assumons ici un préjugé sur la matière normande que nous traitons ici en tant que spécialité de la maison. Sauf que notre préjugé, contrairement à la triste règle générale, n'est pas un préjugé malveillant, négatif, ricanant ou méprisant: nous assumons ici même un préjugé de bienveillance à l'égard de la Normandie et des Normands qui ne nous interdit pas d'être critique parfois avec sévérité quand il le faut!
Ces remarques préléminaires vous permettront, en conséquence, d'apprécier les deux articles de presse suivants comme la preuve d'un symptôme:
Nous reparlons de cette belle journée du 19 janvier 2019 consacrée à la reconnaissance officielle et institutionnelle du patrimoine immatériel linguistique de la Normandieà l'abbaye-aux-Dames, à Caen, siège du conseil régional et en présence de personnalités éminentes, à savoir: le président de région, président de l'association des régions de France, le ministre des affaires étrangères de l'île de Guernesey, un linguiste émérite des universités américaines d'origine normande, une représentante du ministère de la Culture et la présence du DRAC...
Voilà qui fut un événement marquant dans le processus de retour plein et entier de la Normandie dans la sphère institutionnelle la plus légitime:c'est l'identité culturelle normande, elle-même, qui était ainsi consacrée non sans courage car il a fallu affronter quelques médiocres polémiques idéologiques mal informées qui nous ont contraint d'avoir eu recours au "point Godwin" dans le débat pour éveiller et bousculer les consciences: retrouver ses racines culturelles et linguistiques ne consiste pas à s'abandonner à un fascisme identitaire dont les Bretons ou, voire, les Israéliens ayant ressuscité l'hébreu biblique, seraient miraculeusement préservés...
La couverture médiatique de cet événement en dit donc plus long sur celui ou celle qui a écrit le papier que l'événement lui-même:
La question linguistique normande met donc à rude épreuve la curiosité intellectuelle des journalistes. En voici la preuve:
1) Le quotidien national "Aujourd'hui- Le Parisien" nous a proposé l'article suivant, le lundi suivant le 19 janvier 2019:
2) En revanche, la feuille d'informations "Lettre Eco Normandie" n°1607 datée du 25 janvier 2019 rédigée sous l'autorité de Mme Nathalie Jourdan (Paris-Normandie) et diffusée à destination des initiés et décideurs de la région nous proposait aussi ça:
On vous laisse juges!
Sachant que nous avons vu pire avec Ouest-France qui n'a même été capable de faire comme Paris-Normandie lorsqu'on n'a aucune curiosité intellectuelle bienveillante pour un sujet: recopier le communiqué de presse officiel!
En attendant, nous saluons une fois encore l'initiative de la région Normandie et de son président car cette reconnaissance va réveiller la Normandie patoisante et son tissu associatif qui la fait vivre:
Témoignage de Rémi Pézeril de l'association Magène: