Selon les associations d’aide aux migrants, Ouistreham, dans le Calvados, est le troisième point noir de la côte française pour les migrants, après Calais et Grande-Synthe. La situation y est également tendue. Le maire vient de prendre un arrêté de couvre-feu pour les mineurs, pour protéger les uns et les autres.

La vieille dame n’est pas sortie de sa voiture. Elle a juste donné un léger coup de klaxon pour attirer l’attention des deux jeunes gars qui passaient devant elle. Et quand ils furent arrivés près de sa portière, elle a baissé la vitre pour leur tendre quelques pièces. À voir la banane des deux gamins, il devait bien y avoir là de quoi manger pour la journée.

«  Je ne traîne pas parce qu’ici, ça ne plaît pas à tout le monde qu’on aide les migrants… » Elle a filé avec sa conscience pour elle, laissant des dizaines d’autres jeunes types engoncés dans des manteaux d’hiver, traînant sur la place du Général-de-Gaulle, le nœud du problème de Ouistreham. Cette place, à deux pas de l’embarcadère des ferries, est le théâtre d’un jeu effrayant et incessant, qu’on connaît depuis des années à Calais.

Sous l’œil des gendarmes

Ce qu’attendent ces jeunes Soudanais ou Érythréens, ce sont les semi-remorques qui viennent embarquer pour l’Angleterre. Et chaque fois qu’un de ces camions passe ici, ils tentent de s’accrocher, d’ouvrir le haillon arrière. Agacés ou apeurés, les chauffeurs accélèrent en klaxonnant eux aussi. Les gamins s’accrochent tant qu’ils le peuvent, sur dix, cent ou trois cents mètres… c’est un miracle s’il n’y a pas eu d’accident grave, encore.

Le tout sous l’œil d’une patrouille de gendarmerie postée à un angle de la place, dans une voiture siglée. Les fonctionnaires ne bronchent pas. Au grand dam de quelques couples qui prennent l’air vif sur le Quai-Charcot, à quelques mètres : «  Faudrait les faire déguerpir ! Ils nous emmerdent… » Les jeunes exilés, bien sûr, pas les gendarmes.

La situation est un peu tendue, ces temps-ci, à Ouistreham.«  Pas plus que d’habitude », laisse tomber un livreur garé devant la brasserie de la place. Suffisamment pour que Romain Bail, le maire LR, prenne un arrêté de couvre-feu pour une durée d’une semaine. Le temps de calmer l’ambiance, peut-être.

Ces derniers jours, on a notéplusieurs échauffourées qui ont fait naître de sinistres réactions. Un groupe de soutien aux migrants a voulu investir un immeuble abandonné, sur le Quai-Charcot, le 23 novembre, pour en faire un abri. Les gendarmes sont intervenus, il y a eu bagarre, grenades lacrymogènes, arrestations. Deux jeunes, un Ouistrehamais et un migrant, en sont venus aux mains, ce qui a provoqué des appels aux agressions, sur les réseaux sociaux…

Voilà le contexte dans lequel le maire a pris l’arrêté de couvre-feu. Il évoque «  des groupes (notamment de mineurs) faisant acte de désobéissance civile, se mettant en danger eux-mêmes, et mettant en danger les forces de l’ordre et les personnes migrantes. » Ce couvre-feu prendra fin mardi 4 décembre 2018.

Commentaire de Florestan:

En mars 2019, le Royaume-uni quitte l'Union européenne moyennant un accord en cours de négociation. Les accords du Touquet de 2003 qui obligent gendarmes et douaniers français à faire le sale boulot de tri sélectif des migrants que les autorités britanniques ne veulent surtout pas faire sur leurs côtes doivent être dénoncés !

Puisque ces jeunes migrants, qui ne sont pas des touristes car ils fuient les horribles dictatures de l'Afrique de l'Est , veulent payer leur voyage à la Britanny Ferry pour rejoindre un frère, un cousin ou un ami déjàétabli en Angleterre, il n'y a AUCUNE RAISON HUMAINEMENT ACCEPTABLE pour les en empêcher !