L'Orne, le département normand le plus rural mais aussi le plus enclavé et de même le plus écartelé entre la puissante attraction parisienne à l'Est et les tentations ligéro-bretonnes à l'Ouest voit sa population diminuer et vieillir (fuite des jeunes et arrivée de résidents retraités...)
Ce département dont le désenclavement tant ferroviaire (liaisons déplorables du Paris-Granville et modestie du Caen-Tours: ligne ayant à la SNCF l'épithète de "ligne d'équilibre du territoire", ça veut tout dire ) que routier s'interroge réellement sur son avenir...
Concernant le désenclavement routier, l'Orne cumule trois handicaps majeurs:
1° La RN 12, la grande route radiale Paris-Province qui traverse l'Orne n'est toujours pas achevée (mise en 2x2 voies et déviations des agglomérations)
2° La rocade de la région parisienne sur son flanc OUEST (RN 154 entre Rouen, Evreux, Dreux, Chartres et Orléans) n'est toujours pas achevée
3° Le maillage des routes inter-villes dans l'Orne qui permettrait de mieux relier l'Orne au centre métropolitain normand Caen-Rouen- Le Havre n'est toujours pas achevé et quand il l'est il est outrageusement payant (A 88 Falaise -Sud -Alençon Nord, à tel point qu'il est moins coûteux et plus rapide de faire Alençon- Le Mans que de faire Alençon -Caen). De même, la future rocade des bocages normands (axe St Lô- Vire - Flers - Argentan) reste encore dans les limbes...
Pourtant, avec la mise en oeuvre d'un potentiel industriel, logistique et métropolitain majeur sur l'Estuaire normand de la Seine, l'axe Le Havre- Caen- Tours- Bordeaux -Espagne via l'Orne pour contourner par l'Ouest la région parisienne est l'axe de l'avenir puisque la saturation arrive sur l'axe Paris -Lille et que la thrombose gagne l'Ile de France (cf. l'enfer de la Francilienne et de l'A86): le désenclavement de l'Orne est donc un enjeu national et européen en terme de compétitvité logistique pour notre pays.
Précisons que ce désenclavement de l'Orne qui n'est pas qu'un grand parc à chevaux ou seulement qu'une robinsonnade bucolique pour bobos parisiens fortunés charmés par les roses trémières sur les vieilles pierres des presbytères concerne tous les modes de transports à commencer par le ferroviaire: l'Orne est la porte d'entrée de la Normandie maritime, première place de la logistique française sur l'axe Plantagenêt!
Les possessions princières de l'ensemble "Plantagenêt" au XIIe siècle: de l'Angleterre aux Pyrénées, un isthme européen alternatif par l'Ouest...
L'avenir de l'Orne, le débat en cours:
RN12 : « On a confirmation que le projet sera abandonné » selon B. Deniaud
Bertrand Deniaud regrette de voir que « notre département est le dernier à devoir être relié correctement par la route à Paris ».
Désenclavement. Le conseiller régional UMP répond au président PS de la Région, Laurent Beauvais
«Laurent Beauvais pense que le désenclavement routier vers Paris n’est pas utile pour le maintien de la population et le développement économique, souligne Bertrand Deniaud. Il cède ainsi, une fois de plus, au diktat écolo qui lui impose de ne plus faire de routes. Or notre département a un besoin vital de développement et celui-ci passe évidemment par Paris. Laurent Beauvais estime que l’A 88 et l’A 28, vers Caen et Rouen sont suffisants, […] ils sont insuffisants car rien ne remplace les échanges avec la capitale du pays ! […] Notre département est le dernier a devoir être relié correctement par la route à Paris, l’effort est essentiel, mais l’idéologie l’emporte, c’est dommage. On a la confirmation que la RN 12 sera abandonnée ».
La position de Laurent Beauvais, président de la région de Basse-Normandie (Normandie occidentale) et président de la communauté d'agglomération d'Argentan, la ville située au centre de l'Orne, pour qui le déclin démographique et économique de l'Orne n'est pas directement liéà l'enclavement routier et ferroviaire...
Billet posté le 2 janvier 2013 sur le blog de Laurent Beauvais:
http://lbeauvais.typepad.fr/blog/2013/01/d%C3%A9mographie-ornaise-le-d%C3%A9bat-.html
Démographie ornaise : le débat
"La publication des derniers chiffres du recensement crée dans l'Orne des réflexions relatées par la presse ou des commentaires fait par elle- même, qui me laissent sur ma faim.
Tout ça mérite mieux qu' un traitement dans l'héphémère d 'une actualité qui passera à autre chose demain .
L 'Orne est en difficulté , ce n'est pas nouveau . Mais cette perte de population ne peut s'expliquer, comme je le lis avec stupeur par l'absence de liaison routière" directe " avec Paris( la N 12 ? ) ) ou par le retard mis àélectrifier la liaison ferroviaire entre Alençon et le Mans ! Le Département de la Mayenne est cité comme exemple , très bien, mais alors à quoi ont servi l' A28 et l'A88 , autoroutes à péage qui ont coûté si cher aux contribuables ?
On ne refait pas le passé; plus exactement les remèdes d 'hier ne sont plus ceux d'aujourd'hui . En outre les caisses des collectivités se vident et celles de l'Etat ne sont guère en meilleure santé ! Alors on fait quoi ? Alors on analyse ce déclin comment ? La désindustrialisation ( l 'argentanais que je suis est bien placé pour en parler ) est-elle dûe seulement à un manque de route ? L 'exemple de la ville de Gacé ( qui gagne des habitants et s 'est trouvée confortée par l' A28 ) est-il probant ? Quel est le vrai rôle de la liaison ferroviaire Paris/Granville ( à l'Aigle et à Argentan on a des avis assurés sur cette question ! ) ? La faible desserte en hauts débits n 'est pas citée , pourquoi ? La taille des collectivités locales avec la nouvelle carte des intercommunalités ( qui laisse encore quelques interrogations ) n 'est pas évoquée non plus ( tiens la comparaison avec la Mayenne n 'est plus de mise ! ).
Bref tout ceci mériterait un beau débat et une réflexion à conduire sur un plan d' actions à dix ans .
Mais avant il faut faire un vrai diagnostic sur les atouts et handicaps de l'Orne et comprendre , en tous les cas c 'est mon point de vue , que nous ne reviendrons plus sur des modèles de croissance et de développement hérités d'hier .
La mutation qui frappe le monde d'aujourd' hui est profonde. L'Orne en souffre plus particulièrement . Dans chaque Département de la Basse-Normandie la situation est différente et rien ne peut être homogénéisé bien que nous puissions agir collectivement pour créer solidarité et dynamisme ."
Commentaire de Florestan:
on va dire qu'ils ont tous les deux raisons!
Mais pendant que les politiques débattent, d'autres agissent du côté du monde économique en tenant compte des vrais enjeux qui se déploient sur de vraies échelles en mettant en oeuvre une politique "concrète" d'aménagement du territoire qui prend aussi hélas le risque d'un "déménagement" du territoire si le pilotage politique continue de montrer ses défaillances...
Ce pilotage ne peut qu'être que régional ou inter-régional: l'échelon départemental n'est pas suffisant. Mais comme l'échelon régional n'est pas encore opérationnel (problème normand) il reste l'Etat central...
Et l'Etat central n'a plus un rond!