Le Mont Saint Michel va-t-il pouvoir être, enfin, autre chose que la Tour Eiffel du Moyen-âge?
Sachant que la précédente "nationalisation" de notre Mont Saint Michel avait imposé la présence d'un"crapaud dans un reliquaire" (Victor Hugo), à savoir une prison centrale... Et de la prison centrale à l'actuelle usine à plumer les touristes venant du Monde entier, le crapaud de la nationalisation ne profite qu'aux profiteurs à commencer par les profesionnels d'eux-mêmes que sont les Bretons d'à côté.
Il est plus que temps de donner un projet spirituel, culturel et donc touristique pour garantir la pérénité du site et son identité contre tous ceux qui veulent plumer la poule aux oeufs d'or: il n'y a pas que les poules surexploitées par Madame Poulard. Il y a aussi Philippe Belaval, le président du Centre des Monuments Nationaux(CMN) qui, il y a quelques jours, plastronnait tel Donald Trump sur son compte Twitter sur l'envolée du nombre des visiteurs au "Monument National" de l'abbaye du Mont St Michel en 2017 en se gardant bien de préciser combien sur ces milliers de visiteurs avaient eu la curiosité d'aller visiter le Scriptorial d'Avranches situéà côté où toute la muséographie sur la VRAIE HISTOIRE du Mont Saint Michel est présentée faute de pouvoir l'être sur place, officiellement, pour des questions de sécurisation et de gestion des flux dans les salles d'une abbaye nationalisée et vidée de tout contenue ou presque...
Hormis l'abbatiale où l'on peut se recueillir un peu en tant que pélerin grâce à la veille spirituelle organisée par la Fraternité de Jérusalem, l'endroit qui concentre le maximum de monde dans les murs de la plus célèbre des abbayes normandes c'est la... boutique.
Peut-être agacé par ce gazouilli quelque peu provocateur de ce haut-fonctionnaire qui bloquait depuis des mois le projet de créer un établissement public national propre au Mont Saint Michel (comme c'est déjà le cas pour le château de Versailles ou pour le musée du Louvre) parce que le monument normand finance à lui seul une très large part du budget du CMN qui gère et entretient des monuments beaucoup moins célèbres, Edouard Philippe a donc finalement tranché ces derniers jours en faveur des élus normands, à commencer par Hervé Morin, le président de la Normandie qui se plaignait d'être encore le président très formel et très absent (il faut bien le dire) d'un Syndicat Mixte à bout de souffle, qui a fait son oeuvre (le rétablissement du caractère maritime est achevé depuis 2014) mais qui se débat tant dans des difficultés financières que juridiques notamment avec la délégation de services confiée àTransdev, la filiale spécialisée de Véolia pour la gestion forcément déficitaire, des parkings et des navettes avec, à la clef, une augmentation des tarifs et la suppression de la gratuité après 19 heures.
Comme il n'y a plus de véritable direction, tout part en tout sens et chaque acteur dans le dossier montois voit midi à sa porte sans se soucier de l'intérêt du site avec, bien entendu, les Bretons en embuscade notamment sur le terrain de la communication touristique.
Il faut donc un projet global pour faire vivre enfin pour lui-même ce site exceptionnel et emblématique pour la Normandie et la France: l'UNESCO, elle-même, s'impatiente elle qui s'était montrée très vigilante pour le sauver de la pollution visuelle des éoliennes géantes...
Il faut créer enfin LA destination du Mont Saint Michel au même titre qu'elle pouvait exister au Moyen-âge pour les pélerins qui marchaient sur les chemins "montois".
Lire, ci-après, cet article paru dans Ouest-France et signé d'un certain Jean-Christophe Lalay qui accusait encore récemment le président Morin d'être le principal responsable des atermoiements de l'Etat sur ce dossier essentiel pour la Normandie et son identité: