A l'occasion du débat enflamméà l'Assemblée Nationale autour du projet de loi de révision constitutionnelle présentée par Emmanuel MACRON lors du dernier congrès de Versailles, chaque député y va de sa proposition plus ou moins pertinente pour réformer le texte de la loi fondamentale consititutionnelle qui tente de définir l'identité de la République française... On a donc eu droit à diverses propositions parfois farfelues du genre, réécrire toute la constitution en écriture "inclusive". Amendement heureusement repoussé! Plus pertinent: la reconnaissance pleine et entière de la charte européenne des langues régionales signée par la France mais toujours pas ratifiée...
Puis vint Monsieur Ciotti siégeant à droite de Les Républicains qui proposa d'inscrire dans la constitution les "racines chrétiennes" de la France (il aurait pu dire les racines "judéo-chrétiennes"...). Ce qui a eu le don de faire venir encore plus brusquement un certain Monsieur Mélenchon siégeant à gauche de Les Socialistes qui opposa à son contradicteur de la droite de droite les"racines laïques" de la République française le tout dans un débat sans nuances au fil du rasoir pour ne pas dire de la guillotine consistant à considérer l'Histoire de France comme tranchée en deux sinon raccourcie entre avant 1789 et après... Tout le contraire de la synthèse qui nous est chère définie par Charles Péguy disant de notre pays: "la République, notre royaume de France".
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L'argumentaire historique qu'oppose Jean-Luc Mélenchon est incontestable: la France et sa Nation n'ont pas àêtre essentialisées en aucune façon sur la base d'une racine ethno-linguistique et religieuse particulière.
A l'inverse, ne faire de la France et de sa Nation que la tentative plus ou moins aboutie de réaliser concrètement un idéal abstrait rationnel et universel serait tout aussi dangereuse: Robespierre a d'ailleurs bien tenté de guillotiner tous les Français qui ne se conformaient pas au modèle idéal sous prétexte de défendre l'intérêt général de la Patrie...
Quant à la laîcité, il faut craindre que Jean-Luc Mélenchon ne la confonde trop souvent avec le laïcisme qui consiste à imposer la religion de l'Athéïsme sur les autres confessions religieuses ou philosophiques alors que le mot laïcité a lui, bel et bien, des racines chrétiennes pour ne pas dire catholiques et romaines puisque l'état de laïc permettait de définir celui de clerc qui est le statut des "professionnels de Dieu" dans le peuple chrétien.
Revenons au cours d'histoire administré par Jean-Luc Mélenchon à ce pauvre Eric Ciotti dépassé par la verve rhétorique de l'Insoumis en chef: Mélenchon a eu beau jeu de souligner tous les aspects historiquement négatifs de ces fameuses "racines chrétiennes" dans l'Histoire de France quitte à remonter à Julien l'Apostat, un empereur romain de passage à Paris voulant rétablir le paganisme antique ou à Clovis baptisé seulement pour en finir avec l'hérésie arienne.
Tout cela n'est pas faux. Mais cela le devient si l'on ne considère que cela dans une vision antichrétienne de l'Histoire.
Et c'est ainsi, qu'emporté par sa charge, le professeur d'Histoire Mélenchon vint à dire une bourde monumentale: évoquant l'antisémitisme chrétien (qui a bel et bien existé) il prit pour exemple "la synagogue de Rouen, persécutée depuis l'an Mil" (sic!).
C'est FAUX puisque c'est exactement le contraire!
La "maison sublime" de Rouen: vestiges datant du XIIe siècle, retrouvés dans les années 1980 sous le pavé de la cour d'honneur du palais de Justice de Rouen. Tout un symbole!
Grâce à la clémence et à la tolérance des ducs de Normandie, notamment Guillaume Le Conquérant, les Juifs ont pu s'établir dans toutes les grandes villes normandes en bénéficiant de la protection de la loi commune. Il faudrait rappeler à Monsieur Mélenchon que le droit normand protégeait les personnes et leurs biens contre toute voie de fait ou contre toute violence physique, y compris les Juifs. Le cas célèbre de deux témoins d'une agression antisémite commise à Bernay en 1223 condamnés pour n'avoir pas poussé la clameur de Haro en témoigne avec suffisance. Et si les Juifs de Normandie et d'Angleterre n'avaient pas trouvé enfin chez nous la quiétude nécessaire, notamment au XIIe siècle, nous n'aurions pas sous le sol de l'actuel palais de Justice de Rouen, ancien parlement de Normandie, les vestiges magnifiques de ce qui pourrait être l'une des plus anciennes synagogues d'Europe.
Bref! L'Histoire à grands coups de guillotine de Monsieur Mélenchon manque de nuances et, pour reprendre le mot célèbre de Talleyrand, on dire que "tout ce qui est excessif est insignifiant", une sagesse qui va parfaitement avec nos valeurs normandes.