A la lecture de la dernière édition disponible de la Chronique de Normandie proposée par l'excellent Bertrand Tierce et paraissant chaque lundi (n°544 2 juillet 2018), Bertrand Tierce, justement, croit pouvoir discerner une inflexion plus qualitative dans l'action politique de Monsieur Nicolas Mayer-Rossignol au sein du conseil régional de Normandie:
Nous aurions affaire à une opposition moins anti "morinade" et plus pro-active normande dans le sens d'un plus grand souci de l'intérêt général normand au delà des (im)postures politiciennes. Pourquoi pas... Les conversions tardives peuvent être sincères: Nicolas Mayer-Rossignol a, peut-être, enfin fait son chemin de Damas normandmême s'il nous semble toujours cheminer de préférence sur l'axe Rouen-Paris en ouvrant bien la bourse à tous les péages car cette route est la route de toutes les déroutes normandes dans la servitude!
En effet, Nicolas Mayer-Rossignol a beau jeu de nous dire, désormais, qu'au nom de la préservation de l'intérêt général normand, il nous faut d'urgence s'arranger avec l'actuel gouvernement Macron-Philippeet la nouvelle servitude financière que ce gouvernement "en même temps ni de gauche... ni de gauche" veut imposer aux collectivités territoriales tout en prenant le risque d'ébranler sérieusement l'acquis quarantenaire d'une décentralisation chère à Michel Rocard authentique girondin de gauche ou chère à Jean-Pierre Chevènement, un jacobin de gauche intelligent (si, si ça existe...):
Pour le socialiste Nicolas Mayer-Rossignol, il reste donc plus facile de s'opposer à Hervé Morin et son action normande qu'à un gouvernement authentiquement de "droite" en matière économique (libéral) et territorial (jacobinisme autoritaire) car le vrai clivage ne porte plus sur une opposition idéologique sur les questions économiques et sociales entre la "gauche" et la "droite" (alors que ces questions demeurent pourtant essentielles sinon lancinantes) mais sur une opposition entre jacobins, d'une part, et girondins d'autre part:concrètement, même si un Nicolas tente de se distinguer d'un autre, l'opposition régionale au sein du conseil régional se fait jacobine au moment même où l'idée régionale fait l'objet des plus grandes remises en cause depuis 1981...
Extraits de la Chronique de Normandie (n° 544, 2 juillet 2018)
Un autre regard...
Nicolas Mayer-Rossignol change de posture à la Région.
Ancien président socialiste de la Région Haute-Normandie, Nicolas Mayer-Rossignol est aujourd’hui le seul opposant digne de ce nom à Hervé Morin, au Conseil régional. On a pu le vérifier, le 18 juin dernier, lors de la dernière session de l’assemblée; il n’a pas cédé (comme il fit parfois au cours des deux dernières années) à la tentation d’une critique facile de la majorité ; il a préféré présenter “un autre regard”sur la région en interpellant, au passage, Hervé Morin sur de bonnes questions.
- Par exemple, il invite le président à parler davantage de la vie quotidienne des Normands :“vous parlez beaucoup des réussites économiques, lui dit-il en substance, parlez aussi des sujets qui concernent directement les habitants”.
Il évoque ici l’avenir des centres d’information et d’orientation, la résolution des problèmes médicaux et hospitaliers, l’amélioration des trains et des dessertes ferroviaires… et bien d’autres choses encore.
- Il lui reproche aussi d’être en opposition frontale avec l’État : “nous ne sommes pas dans un pays fédéral, tous ici nous aimons notre région, mais la région seule ne peut rien, nous avons besoin des financements de l’État, prétendre le contraire serait mentir...”
- Pour illustrer son propos, il indique que tous les grands projets du territoire (comme la LNPN, la vallée de la Seine, ou les énergies renouvelables) pâtissent de ce bras de fer permanent :“Avec l’État, nous perdons tous nos arbitrages, alors que d’autres régions tirent mieux leur épingle du jeu...” Il plaide pour davantage de dialogue, d’accords et de compromis :“on est bien obligés de s’entendre, sans quoi, rien n’avancera...”
Sa conclusion : “ne mettez pas en scène, pour des raisons politiciennes, votre conflit avec l’État au détriment de la Normandie”.
Mon commentaire : ce discours est celui d’un nouveau positionnement, d’un nouveau style d’opposition ; NMR fait entendre sa voix, une voix politique différente:“il y a des politiques que vous portez et que nous partageons, dit-il au président, il y a des points sur lesquels nous pouvons nous retrouver et nous n’avons pas peur de le dire publiquement. Mais nous vous demandons de ne pas vous préoccuper seulement de l’image et du marketing de la Normandie. Votre priorité doit être les Normands...”Ce repositionnement est important pour la Région ; important pour le débat démocratique en Normandie ; NMR a-t-il aujourd’hui les moyens de se faire entendre en dehors du cercle de l’assemblée? À Rouen, à deux ans des municipales, c’est une autre question.
Commentaire de Florestan:
Puisse Bertrand Tierce avoir raison dans son analyse. Pour notre part, nous ne sommes pas convaincu par ce nouveau jus qui sort toujours du même tonneau. Car il nous faut rappeler que celui qui a négocié un contrat de plan interrégional pour le développement de la vallée de la Seine de moins d'un milliard avec une part de l'Etat sous la barre des 400 millions au point d'ignorer un dossier aussi essentiel pour l'avenir de Rouen et de la Normandie que le contournement autoroutier, est aussi celui qui se permet aujourd'hui d'administrer quelques leçons inutiles!
Et pendant ce temps-là, vis-à-vis de l'Etat central, justement, la Normandie est, à nouveau, divisée entre ceux qui vont aller à la niche et ceux qui n'iront pas...
Nouvel extrait de la Chronique de Normandie (n° 544, 2 juillet 2018):
L’effet Édouard Philippe.
Après le Département de la Seine-Maritime (Pascal Martin s’entend bien avec le Premier Ministre), et le Département de l’Eure (Pascal Lehongre est proche de Sébastien Lecornu qui est proche d’Édouard Philippe), c’est au tour de la CODAH et de la Ville du Havre de signer le contrat “de réduction du déficit public et de maîtrise des dépenses” proposé par l’État aux grandes collectivités. Il y en a 15 en Normandie, dont 5 en Seine-Maritime. Luc Lemonnier montre l’exemple : faut-il s’en étonner ? La préfète Fabienne Buccio a tenu à le féliciter de “la relation de confiance ainsi établie”.
Les fiertés d’Hervé Morin.
L’examen du compte administratif de la Région en 2017 montre que la collectivité a dépensé 467,23 M€ pour financer ses investissements, soit un
taux de réalisation supérieur à 91%, en hausse de 55 M€ par rapport à 2016 et de 90 M€ par rapport à 2015.
- Pour Hervé Morin, c’est une source de fierté,“nous faisons ce que nous disons”. À noter : le taux de réalisation de la plupart des collectivités se situe généralement entre 60 et 70%. Autre source de fierté, “la Normandie reste la Région la moins endettée de France.”
- L’encours de dette est de 428 M€, soit un désendettement net de 43,80 M€ par rapport à 2016.
- La capacité de désendettement est de 1,61 année, contre 4,7 pour l’ensemble des régions.
À noter : la Région est actuellement contrôlée par la Chambre régionale des comptes ; publication du rapport en toute fin d’année.
Conclusion d’Hervé Morin devant ses amis du mouvement “Territoires” :“avant de donner des leçons aux territoires, qu’Emmanuel Macron réforme les dépenses publiques et la fonction publique d’État, comme je l’ai fait en Normandie...”