L'affrontement semble total entre Hervé Morin le régional et Edouard Philippe le national... Entre le Girondin normand et le Jacobin parisien.
C'est une présentation caricaturale et nous serions les premiers à la déplorer mais il faut bien constater l'affrontement des logiques politiques qui s'incarnent aussi dans des personnalités:
Il faut avoir l'honnêteté de dire que c'est Edouard Philippe qui a commencé... Refus total d'envisager la moindre évolution vers plus de régionalisation de la gouvernance du grand port maritime du Havre alors qu'Hervé Morin propose un projet innovant qui respire l'air du large tout en mettant sur la table le financement de la "chatière" pour désenclaver le grand port hauturier normand vers le fret fluvial.
Et sur les éoliennes: politique nationale donc jacobine et aveugle de renégocier à la baisse les tarifs accordés aux industriels concessionnaires des futurs parcs d'éoliennes marines et qui remet en cause l'équilibre financier de tous les projets liés au développement des Energies Marines Renouvelables. Le boulot d'Edouard Philippe consiste à avoir une bonne "négo" avec Gérald Darmanin... (c'est qui le patron du gouvernement au fait?)
Enfin, d'une manière générale, une récente tribune l'ayant rappelé dans Le Monde (édition du 24 avril 2018), autisme néo-jacobin recentralisateur à l'Elysée sur tous les sujets d'importance concernant les collectivités territoriales...
Pour monsieur Philippe il semble plus facile de traverser à la nage le bassin du commerce du port du Havre plutôt que de se jeter à l'eau pour la Normandie surtout lorsque cette dernière est représentée par Hervé Morin.
Comme on dit dans une cour de récréation: "c'est lui qui a commencé"... Mais Hervé Morin, président de la Normandie a la responsabilité d'avoir à dire: "c'est moi qui termine" en veillant au mieux à l'intérêt général de notre région qui ne peut plus s'offrir le luxe d'un nouveau clochemerle!
Usines d’éoliennes au Havre : un député craint le désengagement de la Région Normandie sur le projet
Le député Jean-Paul Lecoq craint que le projet d'usines d'éoliennes au Havre soit révisé. Il reproche à la Région Normandie de ne pas s'engager suffisamment sur ce dossier.
Le port du Havre (Seine-Maritime) verra-t-il un jour s’ériger, le long de ses quais, les futures usines de fabrication d’éoliennes tant annoncées ? La relance de négociations par l’État sur le prix de rachat de l’électricité, auprès des industriels engagés sur les projets éoliens français, inquiète les élus du territoire havrais.
Tandis que la Région Normandie attend de connaître l’issue de ces négociations pour déterminer son implication sur le projet havrais, le député de Seine-Maritime Jean-Paul Lecoq (PCF) craint de voir la Région se désengager de ce dossier, pour privilégier une autre usine en construction àCherbourg-en-Cotentin (Manche).
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Une ou deux usines de pales d’éoliennes ?
Le député Jean-Paul Lecoq s’interroge sur l’implication de la Région Normandie autour du projet d’implantation d’une usine de pales d’éoliennes dans le port de la Cité océane. Si, dans le port havrais, aucun chantier de construction n’a débuté, il en est un autre qui est bien plus avancé, à Cherbourg-en-Cotentin :
Cherbourg est un port régional, faisant partie des Ports normands associés (PNA) et une usine de pales d’éoliennes est en cours de construction. La Région Normandie affiche une attitude annonçant une volonté d’investir dans ce projet seul. Pour son président, le port du Havre est un port national, et donc pas sa priorité.
Le député seinomarin craint de voir la Région se désengager du projet havrais pour éviter « une concurrence » entre les deux usines.
Je ne vois pas au nom de quoi la Région peut déclarer ne vouloir qu’une usine en Normandie, au lieu de deux, en imposant aux industriels d’acheter leurs pales à Cherbourg. L’idée de base est de faire une industrie française de l’éolien. J’interroge sur ce choix les élus de la Région venant de la Communauté de l’agglomération havraise (Codah), qui ont joué sur ce projet pour se faire élire aux dernières élections municipales.
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Des cartes rebattues par des choix nationaux
Pour Jean-Baptiste Gastinne, vice-président de la Région, mais aussi de la Codah, et adjoint au maire du Havre, la question ne doit pas être posée dans ce sens :
C’est le gouvernement qui a décidé de renégocier les contrats avec les industriels. On est dans l’incertitude et on ne sait pas sur quoi cela va déboucher. Le gouvernement fait pression pour baisser le prix de rachat de l’électricité, mais cela implique aussi pour les industriels de revoir leur programme. Il peut soit subsister tel qu’il a étéécrit, soit être revu à la baisse.
Le vice-président de Région de rappeler également qu’une convention a été signée, il y a quelques années, sur 57 millions d’euros de travaux d’infrastructures, pour préparer le chantier de construction au Havre.
De mémoire, cela a été décidé il y a quatre ans, avec 30 millions d’euros à investir pour le port et l’État, 9 millions pour la Région, 6 millions pour la Codah et 2 millions d’euros pour la Ville. Mais il est probable que cela change, au vu du contexte.
Mais le flou demeure entier concernant l’usine de pales d’éoliennes au Havre :
Le président Hervé Morin a hérité d’une situation où des dizaines de millions d’euros ont été dépensés à Cherbourg pour accueillir une usine. Pour le moment, il ne veut pas d’une deuxième usine au Havre sans garantie de volumes suffisants de commandes sur les deux usines. Tout est remis en question par les choix nationaux.
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Des éoliennes, « pas l’Arlésienne ! »
Une réponse insuffisante pour Jean-Paul Lecoq, qui entend défendre, en tant qu’élu local, le projet global prévu pour le port havrais, et non amputé d’une des deux usines promises de longue date.
Il ne faut pas que ce soit l’Arlésienne ! La politique du territoire havrais n’a pas été assez offensive pour obtenir ces usines et des erreurs ont été faites. Il aurait fallu faire comme pour Cherbourg et investir bien plus tôt sur des projets d’infrastructures, et non programmer des investissements dans les années à venir. Si on perd l’usine de pales au Havre, il n’y aura pas tous les emplois promis.
Jean-Baptiste Gastinne, de son côté, temporise, rappelant que « si l’incertitude est grande pour l’usine de pales, celle de turbines est bien à l’étude et nécessite de travailler avec beaucoup de sous-traitants ».
Il y a plus de savoir-faire, plus de techniques à mobiliser pour l’usine de turbines et j’espère que ce projet verra le jour.
Selon le vice-président de Région, les négociations autour des prix de rachat de l’électricité produite par les futurs parcs éoliens devraient se conclure « d’ici trois mois », permettant ainsi de mieux déterminer l’avenir du projet havrais.
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