Et l'Etoile de Normandie est heureuse de partager cette bonne nouvelle et ce soulagement avec tous les amoureux du patrimoine artistique et culturel de nos provinces.
Nous sommes, bien entendu, heureux de nous réjouir avec les Bretons qui furent affligés et attristés de ce vol crapuleux au musée Daubrée de Nantes car tout laissait craindre que ce trésor qui vaut plus par ce qu'il représente que par sa valeur intrinsèque aurait pu être détruit et fondu par des voleurs uniquement intéressés par la couleur jaune de l'or... On rappelera que ce reliquaire avait été caché pendant la Révolution française pour éviter qu'il ne soit fondu...
L'insigne symbole de l'unité de la Bretagne et de l'union de la Bretagne à la France a donc été retrouvéà Saint Nazaire. Deux jeunes sont en garde-à-vue.
Les enquêteurs ont l'intime conviction que le vol du reliquaire, retrouvé samedi soir à Saint-Nazaire, ne porte pas la signature de truands chevronnés. Les protagonistes de l'affaire semblent avoir été dépassés par le retentissement de l'affaire. Ils encourent 10 ans de prison.
Ont-ils mesuré le raffut qu’ils allaient déclencher en ravissant le reliquaire en or du cœur d’Anne de Bretagne ? Pour cet enquêteur nantais, la réponse est assurément négative.
Les quatre hommes qui ont forcé l’accès du musée Dobrée durant la nuit du 13 avril, avant d’exploser à coups de masse plusieurs vitrines pour empocher le reliquaire, une cinquantaine de pièces en or ainsi qu’une statuette hindoue, n’ont rien d’une « équipe chevronnée », confirme samedi Pierre Sennès, procureur de la République de Nantes.
Deux hommes écroués
Au terme d’une enquête menée tambour battant par la Police judiciaire de Nantes, deux hommes, âgés de 22 et 23 ans, ont été interpellés jeudi. Originaires de la région de Saint-Nazaire, ils ont été mis en examen hier pour association de malfaiteurs et vol de biens culturels. Ils ont été placés en détention provisoire à l’issue de leur passage devant le juge des libertés et de la détention.
"Indices graves et concordants"
Hier matin, les intéressés contestaient farouchement « toute participation aux faits », selon une source proche du dossier. « Il y a des indices graves et concordants qui pèsent à leur encontre », renvoie cette même source.
Deux autres hommes sont activement recherchés.
"Aucun élément n'étaye la piste d'un acte téléguide"
L’un des suspects écroués est connu de la justice. Mais le vol porte a priori la signature « de délinquants de droit commun », selon les termes du procureur de la République de Nantes, samedi. « En l’état de l’enquête, affirme t-il, rien ne laisse penser qu’il y a derrière ces gens une organisation ou une équipe structurée ».
« Aucun élément n'étaye la piste d'un acte téléguidé », abonde une autre voix.
Coup de panique?
Les voleurs ont-ils fait main basse sur le trésor pour le fondre ? Dans les coulisses de l’enquête, l’hypothèse est jugée« crédible. Peut-être ont-ils eu le sentiment de commettre un vol ordinaire et qu’ils ont été dépassés par le retentissement donnéà l’affaire. On peut imaginer qu’ils ont alors paniqué et qu’ils se sont dit qu’il valait mieux cacher le reliquaire et les autres pièces en or, le temps que le tapage retombe. D’où l’enfouissement du trésor dans un espace boisé, à Saint-Nazaire. »
Une source proche de l’enquête ajoute : « On préfère rester discret sur les étapes du vol car pour l’heure, on n’a pas établi qui a fait quoi avec certitude. L’enquête n’est pas finie : il reste deux suspects à trouver. »
Nantes Reliquaire retrouvé: "Sa place est au château des Ducs", dit Jossic
« Extrêmement ému », il pousse un « immense ouf », crie un« bravo aux enquêteurs ».
Jean-Louis Jossic, ancien élu de Nantes et chanteur de Tri Yann, qui a consacré une chanson au reliquaire d’Anne de Bretagne, redoutait « que l’écrin en or soit fondu et revendu, comme les pièces de monnaie volées qui représentent aussi une très grande valeur et un intérêt inestimable pour l’histoire de la Bretagne ».
Mais passés les « hip hip hourra », Jean-Louis Jossic rallume sans détour la polémique: « Le reliquaire appartient à la ville de Nantes, il a été mis en dépôt au Département, il s’agit d’un prêt, pas d’un don. Sa place, je le redis ce soir (ndlr: hier samedi 21 avril), est au Château des ducs de Bretagne, musée d’histoire de la ville de Nantes, dans la salle qui expose le rôle de la Duchesse Anne. Le reliquaire doit être visible quotidiennement pour tous les Nantais et les touristes qui découvrent Nantes, dans des conditions de sécurités sérieuses. Car n’en déplaise au Département, je considère que la sécuritéà Dobrée était mal assurée. Le reliquaire doit donc être remis aux bons soins de son propriétaire. »
Commentaire de Florestan:
Le chanteur de Tri Yann a raison: le reliquaire du coeur d'Anne de Bretagne doit retrouver son écrin qui est le château des ducs de Bretagne à Nantes, ville qui devrait être non pas en région "pays de la Loire" mais en Bretagne.
Pourquoi parler sur l'Etoile de Normandie de cet objet patrimonial exceptionnel qui est cher au coeur de tous les Bretons qui s'intéressent à l'histoire de leur région?
D'abord parce que notre intérêt pour le patrimoine culturel artistique identitaire régional ne se limite pas à la seule Normandie. Ensuite, le cas précis de ce reliquaire, grand rescapé de l'Histoire avec une grande "hache", ne peut qu'émouvoir car les Bretons ont, avec cet objet, un témoignage aussi précieux que sentimental de l'histoire de leur région.
Enfin, nous Normands, nous avons avec la tapisserie de Bayeux ou les manuscrits du Mont St Michel des témoignages tout aussi exceptionnels pour nous souvenir de l'histoire de notre région. En revanche, les Guerres de religion du XVIe siècle, la Révolution française à partir de 1792, les bombardements de la Seconde guerre Mondiale ont détruit des objets patrimoniaux précieux qui pouvaient témoigner de l'histoire ou de l'origine de nos villes et de nos régions. La Normandie, a été tout particulièrement éprouvée notamment en 1944: c'est ainsi que fut réduite à l'état d'une boule métallique informe la précieuse coupe de mariage de Guillaume et Mathilde, chef d'oeuvre d'orfévrerie byzantine du XIe siècle que l'on croyait à l'abri dans le coffre de l'ancienne bibliothèque de Falaise qui a brûlé avec le reste de la ville durant l'été 1944...
Le fait que ce reliquaire ayant contenu le coeur de la duchesse chère à tous les Bretons puisse encore exister en 2018 est donc très exceptionnel. Tout comme la présence de la sépulture de Mathilde de Flandre enterrée en 1083 dans son abbaye caennaise qui, par un miracle inoui, a échappé en 1562, 1792 et 1944 aux grands orages des Hommes...