On nage en plein délire! Celui de la totale Liberté d'expression et de création à"jouir sans entraves" comme on disait en mai 1968, d'avoir tous les droits sans aucun devoir...
Quand un chanteur chante à coup de poings contre celle qu'il croit aimer, ou quand un autre (normand celui-là, hélas...) vocifère sa "Saint Valentin" aussi infame qu'ignoble quitte à nous rappeler que chez les anciens Romains, la fête des "Lupercales" (remplacée par la romantique Saint Valentin) était, plutôt, la fête du viol et du dépucelage des jeunes hommes, désolé de le rappeler, ces chanteurs là, soi-disant artistes, n'ont qu'un seul droit: celui de se taire!
Le conseil départemental de la Manche a donc eu raison, de notre point de vue, de supprimer sa subvention (modeste) au festival "Papillons de nuit" (un festival, par ailleurs sympathique qui se tient au mois de mai dans le bocage de l'Avranchin) qui a souhaité programmer un artiste qui semble avoir du mal à prendre ses responsabilités qui à perdre totalement de vue certaines évidences telle que la plus élémentaire décence...
Nous vivons une époque étrange sinon inquiétante: celle où des adultes se comportent comme des enfants avec une force suffisante pour contester des institutions publiques.
D'une manière plus générale, il est inquiétant que la Culture devienne une sorte de nouvelle religion révéléeprospérant sur les ruines d'une ancienne reléguée, au mieux, dans la contemplation patrimoniale de nos musées. Et que les dogmes de cette nouvelle religion culturelle, aussi subventionnée par l'Etat que l'ancienne, soient ceux qui justifient une idolâtrie individualiste d'un individu festif, jouisseur, irresponsable qui se croit libre en se vautrant dans de plus grands esclavages.
Voilà qui nous éloigne, quelque peu, selon notre point de vue (vous avez, bien entendu le droit d'en avoir un autre) du socle de valeurs normandes que nous tentons de définir ici et que l'on pourrait résumer d'une expression: "Sire de sei" c'est à dire, cette liberté individuelle authentique parce que fondée sur le sens de l'honneur, qui est ce savoir essentiel consistant, d'abord, àse respecter soi-même pour, ensuite, respecter les autres et recevoir, réciproquement, le respect de tous.
On vous laissera donc avec ça:
Bertrand CANTAT: La lettre des programmateurs musicaux normands
Dans une lettre ouverte à la ministre de la Culture, au président de Région, à la Direction régionale des affaires culturelles et aux cinq présidents des départements normands, quinze programmateurs de salles de musique ou de théâtres normands rappellent leur « liberté de programmer », après l’affaire Cantat, qui a abouti à l’annulation des festivals d’été de l’ex-leader de Noir Désir.
Dans cette lettre ouverte, les signataires (1) s’émeuvent de « la polémique qui vise aujourd’hui un festival normand (Papillons de nuit, N.D.L.R.), et qui vient de se conclure par l’annulation de la venue d’un artiste sur tous les festivals en France ».Événement qui les « pousse à prendre la parole au nom de notre idée d’une liberté culturelle chère à notre cœur et à notre histoire. Les pressions, les menaces, les représailles sont nombreuses, violentes et portent atteinte à notre secteur d’activité et à la pluralité culturelle. Comme on aime à le répéter, la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres, et dans le cadre de la programmation de nos lieux, nous y sommes particulièrement attachés ».
« Nous programmons des artistes, pas des hommes » (SIC !!!)
Les programmateurs se disent « depuis toujours vigilants et attentifs à ce qu’une œuvre qui comporterait des propos discriminants, incitant à la haine, sexistes, racistes, antisémites, homophobes ou relevant d’un non-respect des droits humains ne puisse s’immiscer dans nos programmations. Une œuvre artistique, par contre et par essence, pose débat, incite au dialogue ou à la réflexion personnelle. Elle n’est jamais anodine et elle peut soulever légitimement des réactions fortes auprès des publics. Mais, censurer une œuvre, c’est dénier au public le droit de se faire une opinion, de débattre, de se confronter. Libre au public de venir dans nos lieux découvrir ces œuvres et ces artistes. »
Et d’estimer : « Il faut bien rappeler que nous programmons des artistes et non des hommes. D’ailleurs, dans le cas qui nous intéresse, l’artiste ne heurte en rien dans son œuvre. Pour ce qui est de l’homme, la justice est passée. […] Nous défendons notre liberté de programmer ce qui nous semble pertinent. Nous nous insurgeons contre cette volonté d’ingérence d’associations, de groupes d’influence et de la collectivité qui nous empêchent aujourd’hui d’exercer notre métier dans un climat serein. »
(1) Les signataires sont Paul Langeois, directeur du Big Band Café (Hérouville-Saint-Clair) ; Nicolas d’Aprigny, directeur du Normandy (Saint-Lô) ; Jean-Christophe Aplincourt, directeur du 106 (Rouen) ; Loïc Leconte, directeur de la Luciole (Alençon) ; Franck Testaert, directeur du Tetris (Le Havre) ; Jean-Marie Potier, directeur du Cargö (Caen) ; Claire Lesaulnier, co-directrice du festival Beauregard (Hérouville-Saint-Clair) ; Martial Di Fonzo Bo, directeur du Centre dramatique national de la Comédie de Caen ; Jacques Peigné, directeur délégué du Centre dramatique national de la Comédie de Caen ; Benjamin Mourier, directeur du festival le True Normand ; Didier Anne, co-directeur du cinéma Lux (Caen) ; Jérôme Remy, directeur artistique des Boréales ; Yannick Reix, directeur du cinéma Le Café des Images (Hérouville-Saint-Clair) ; Brigitte Bertrand, directrice du Sablier (Ifs) et déléguée régionale du Syndicat national des scènes publiques, et Emmanuelle Vo-Dinh, directrice du Phare (Le Havre).