Alors que le soi-disant Architecte des Bâtiments de France qui sévit dans le Calvados vient de donner son avis favorable à l'abattage du mail de tilleuls plantés en bordure de la place de la République au coeur du peu qui a étéépargné par les bombes de 1944 dans le centre ville de Caen, dans le but d'y construire un machin commercial de plus, voici une lettre que nous avons postée la semaine dernière à l'adresse du Maire de Caen, Monsieur Joël Bruneau qui a eu au moins le mérite de rester stoïque dans la dernière et consternante session de clochemerle normand.
Au lieu d'investir dans le centre commercial de trop pour encore mieux préparer, avec l'effondrement prochain de la bulle de l'immobilier commercial, une nouvelle crise de la sidérurgie (on voit que le modèle actuellement dominant du centre commercial entre en crise), nous conseillons au maire de Caen d'investir dans la... pierre de Caen.
Explications:
A l'attention de Monsieur,
Joël Bruneau, maire de Caen et président de la Communauté urbaine de Caen La Mer
objet: réflexions sur l'attractivité du centre ville de Caen en Normandie au XXIe siècle
Caen, le 24 janvier 2018
Monsieur le Maire,
Puisque que vous me prêtez de l'honnêteté intellectuelle, je me permets de poursuivre avec vous un dialogue franc que vous avez toujours pris en considération ce dont je vous remercie...
Je vous écris pour répondre à vos voeux en ce début de l'année 2018 parce que vous êtes conscient que notre ville de Caen, dans sa longue histoire, va tourner une page importante: clore défintivement l'Après Guerre ouvert après la tragédie de 1944 et propulser notre ville dans la Normandie du XXIème siècle qui pourrait devenir, du fait de son authenticité et de sa notoriété, LE territoire français de la qualité humaine et de l'innovation.
Caen et son territoire qui portent une part notable de la dynamique d'une Normandie qui se réveille enfin, va devoir prendre des initiatives tant pour ses habitants que pour le reste de la région car voici que se présente à nous une belle opportunité:
Le gouvernement, par la bouche d'un ancien maire du Havre, renonce à organiser l'exposition universelle 2025 depuis le plateau "grand-parisien" de Saclay et alors qu'Antoine Grumbach pérore sur notre avenir sans daigner nous connaître en proposant, à nouveau, de fusionner la Normandie avec la région parisienne sous prétexte de mettre en valeur l'intérêt national de l'Axe Seine alors qu'il faudrait, au contraire, confier la valorisation de cet intérêt national aux Normands, certains élus de notre région (pas vous justement) se vautrent dans un consternant clochemerle opposant Caen et Rouen qui devient la risée de la presse nationale (cf. un récent article du Point)...
Frédéric Sanchez à Rouen (avec maladresse) et vous-même avez proposé de candidater à trois (avec Le Havre ou plutôt avec... Matignon) pour organiser en 2025 une capitale européenne de la culture en Normandie: voilà un bel objectif, un beau projet pour mettre enfin en branle concrètement l'idée d'une métropole normande en réseau de villes qui stimulerait la mise à niveau urgente du système des transports normands (le tramway à Caen ainsi qu'un RER entre les trois villes après 2020, un hub aérien régional mettant en réseau les aéroports, alternative normande qui séduira nos voisins ligéro-bretons après l'abandon de Notre Dame des Landes), qui accélérerait, dans les trois villes concernées, la mise en oeuvre de projets et d'institutions rayonnantes dans la culture et l'innovation technologique à condition de renoncer à certaines vieilles lunes d'une décentralisation aussi irresponsable qu'autoritaire tant du côté des élus locaux que du côté de la haute fonction publique de l'Etat central:
On voit bien, d'ailleurs, que Monsieur Macron issu du sérail, toute à sa logique saint-simonienne de "remplacer le gouvernement des hommes par le gouvernement des choses", se méfie d'une décentralisation menée par des "barons locaux" aménageurs et la société civile française partage, de plus en plus, cette méfiance. La décentralisation de "Grand Papa" est morte avec Georges Frêche et le moment est venu de ne surtout pas mettre "le vin nouveau dans de vieilles outres" quand il s'agit de piloter le développement d'un territoire régional ou local.
En effet, la méthode importe désormais autant que le projet et la candidature d'une équipe normande à la capitale européenne de la Culture en 2025 permettrait de donner l'occasion de travailler les projets selon le principe encore peu pratiqué en France d'une maîtrise d'usage démocratique pilotant les maîtrises d'oeuvre et d'ouvrage et faire ainsi de la Normandie "girondine" un véritable laboratoire territorial d'innovation politique à l'instar de ce qui se fait depuis des dizaines d'années aux Pays Bas, en Suisse ou en Allemagne.
Le pilotage en maîtrise d'usage démocratique des projets va plus loin que quelques opérations ponctuelles de communication repeintes en "démocratie participative", de débats publics ou de concertations réalisées a posteriori et sans grandes conséquences: elle doit être structurelle et prescriptive pour les maîtrises d'oeuvre et d'ouvrage. Je salue l'effort fait en ce sens avec l'exercice de concertation citoyenne pour l'avenir de la place de la République avec les experts des cabinets Attica et Respublica mais pour en avoir discuté avec ceux de Respublica en juillet dernier, tout le monde sait que la concertation est organisée pour penser la transformation de la place de la République en conséquence d'un projet qui n'a fait l'objet d'aucune discussion avec les citoyens usagers: je vois là l'idée d'un compromis qui risque de ne produire qu'un résultat peu convaincant alors qu'il aurait fallu réfléchir à un projet harmonieux unifiant l'ensemble de l'espace urbain réellement concerné (la place carrée et le trapèze de l'ancien hôtel de ville d'avant-guerre).
Prendre la maîtrise d'usage enfin au sérieux obligera à faire une révolution copernicienne dans une République française qui n'est toujours pas un état de droit achevé et qui reste autoritaire dans son esprit tout comme dans ses méthodes tout en manquant de transparence sur de véritables collusions d'intérêt entre la maîtrise d'oeuvre institutionnelle contrôlée par les élus et les fonctionnaires de l'Etat et une maîtrise d'ouvrage aux mains de puissants intérêts privés: vous le savez très bien, Caen n'échappe hélas pas à cette réalité et c'est l'une des raisons pour lesquelles, parmi d'autres, le projet de centre commercial sur le 4ème côté de la place de la République ne fait pas l'unanimité...
Ainsi, avec la perspective d'une candidature à la capitale européenne de la culture à l'horizon 2025 la reconquête de l'attractivité du centre ville de Caen aurait bien plus de force et de sens qu'une simple reconquête commerciale: vous cherchez des locomotives pour relancer le train caennais et augmenter les flux humains qui doivent fréquenter un centre ville qui doit redevenir attractif à l'échelle de toute la Normandie. Vous avez raison.
Mais je crains d'avoir à vous dire, à la lecture de toute une série d'études et d'indicateurs plutôt négatifs que les locomotives urbaines de demain ne seront plus seulement de grandes enseignes commerciales qui participent d'une banalisation dont les populations urbaines (celles qui vivent vraiment en ville) veulent de moins en moins ainsi que les touristes du Monde entier qui viennent en Europe, pour voir, précisément, de vraies villes qui ont su garder et mettre en valeur une qualité et authenticité patrimoniale et culturelle.
Le modèle du centre commercial va entrer en crise profonde et affirmer que "le commerce attire le commerce" est irresponsable car tous les voyants virent au rouge.
Les chalandises locales stagnent en quantité et en pouvoir d'achat (le revenu médian mensuel à Caen est à 1600 euros nets). La concurrence de l'e-commerce arrive tandis que sur l'alimentaire, les modes de consommation se dispersent notamment au profit d'un grand retour plutôt réjouissant à la qualité"biocale". Le modèle encore dominant du supermarché associéà une galerie commerciale prend ainsi l'eau de toutes parts: Carrefour, premier employeur de France va restructurer. La vacance commerciale augmente et à Caen, elle est supérieure à la moyenne nationale. La concurrence est vive: entre le centre ville et la périphérie caennaise avec un début de "canibalisation" des centres commerciaux dans une agglomération qui posséderait en France le plus grand nombre de surfaces commerciales par rapport à la chalandise disponible. Avec, en outre, des loyers commerciaux élevés et fixes qui ignorent un chiffre d'affaires de plus en plus incertain, on va droit dans le mur et on peut prédire que la crise des centres commerciaux pourrait être notre prochaine crise de la SMN...
Permettez-moi simplement de vous dire que le projet de centre commercial prévu par SEDELKA-EUROPROM place de la République ressemble, d'après le peu d'informations dont disposent les citoyens caennais, au modèle économique incertain d'une auberge espagnole perdue en plein XXIe siècle qui tente de tenir compte des mutations brutales en cours en proposant un compromis boîteux entre un vieux modèle (une galerie commerciale avec enseignes franchisées qu'on a déjà vues ailleurs) et le nouveau modèle du "tiers-lieu" (la halle gourmande, le"co-working" et le toit terrasse).
Avec un vrai tramway qui roulera en 2019 vous réparez l'erreur de perspective faite par Madame Lebrethon dans les années 1990 avec le choix malheureux du TVR Bombardier: ne faites donc pas la même erreur place de la République !
Ne serait-il pas plus judicieux d'implanter la halle gourmande au coeur de l'îlot Bellivet ? Elle pourrait s'appeler "espace Chandivert" en hommage à ce monument de la gastronomie caennaise qui s'y trouvait et qui a fermé ses portes en 1951. Quant à l'accès à un toit terrasse dans l'hypercentre nous avons déjà celui de l'immeuble art déco des années 1950 des Galeries Lafayette (au fait, que vont-elles devenir?) une belle architecture qui mériterait un classement MH et une réhabilitation complète pour relever l'intérêt d'une promenade sur le Cours Leclerc.
Pensez aussi à votre réélection car on ne saurait gagner une guerre mondiale en menant deux fronts en même temps: gérer, à la fois, le vaste chantier qui s'annonce difficile du nouveau tramway et un projet de centre commercial place de la République plus qu'incertain qui vous oblige à tirer les marrons du feu pour certaines personnes qui ne pensent qu'à leurs intérêts privés et qui n'oseraient jamais se présenter comme vous devant les suffrages des citoyens... Vous me l'aviez dit vous-même au début de cette aventure: "c'est un projet casse-gueule" et les incertitudes juridiques ne sont pas les moindres. Passer outre les recommandations d'un site inscrit défini par arrêté ministériel (1978) risque d'alerter, à nouveau, le juge administratif qui s'est déjà prononcé, comme vous devez certainement le savoir, sur cette question délicate.
Ne serait-il pas temps de proposer radicalement autre chose sachant que cette proposition alternative existe déjà dans la reconnaissance internationale de Caen comme "smart city" normande de l'innovation scientifique, médicale, numérique avec des lieux qui vont prochainement encore plus mettre ce potentiel en valeur (pensons au futur Moho sur le site Renault rive droite)?
Vous souhaitez faire entrer notre ville fondé jadis par Guillaume Le Conquérant dans le XXIème siècle sur ses deux jambes: l'une dans l'avenir et ses innovations techniques, scientifiques mais aussi sociales et culturelles et l'autre dans la mémoire d'un patrimoine historique exceptionnel par sa densité et sa qualité...
Caen a obtenu le label"ville d'art et d'histoire" mais on peine à voir émerger une stratégie spécifique qui ferait du patrimoine caennais non pas seulement une charge financière ou une contrainte pour des promoteurs sans imagination ni intelligence mais un élément essentiel de l'intelligence territoriale locale dans lequel investir: pour le dire d'un mot, Caen n'investit pas suffisamment dans la pierre... de Caen et il faut reconnaître que nous devons ici subir la nonchalance (incompétence?) d'un Architecte des Bâtiments de France qui ne donne pas l'impression d'éprouver une passion particulière pour la préservation des vieux murs caennais qui ont eu l'audace d'échapper à la tabula rasa des bombardements de 1944...
Car pour promouvoir la candidature de Caen, Rouen et Le Havre au titre de capitale européenne de la culture en 2025 ce n'est pas un nouveau centre commercial dans le centre ville qui fera l'affaire:
C'est, au contraire, la valorisation de l'extraordinaire patrimoine historique, architectural et culturel de la ville de Caen qu'il faudrait d'urgence mener en profitant de la notoriété internationale de la Normandie, à l'instar de ce qui a été fait au Havre avec Auguste Perret, de ce qui est actuellement mis en oeuvre dans la métropole de Rouen (quartier des Musées, restaurations à l'identique sur la cathédrale, requalification des quais bas de la Seine, le Panorama XXL, l'Historial Jeanne d'Arc...) ou de ce qui est clairement assuméà Bayeux où l'on s'apprête à construire un centre européen d'interprétation du Moyen-âge qui sera le nouvel écrin de la Tapisserie.
Vous le savez car nous en avons déjà parlé, la ville de Caen reste dans son image touristique et symbolique marquée par la Seconde Guerre mondiale, "du béton sur des ruines" croit-on encore trop souvent au sujet de notre ville et, entre le passé prestigieux médiéval de l'époque de Guillaume (1066, le château et les abbayes) et le Débarquement des Alliés (1944, le Mémorial), on a encore trop l'impression que tout a disparu ou presque: sortir Caen de l'Après Guerre voilà l'enjeu pour faire d'une ville reconstruite certes agréable et confortable mais devenue ordinaire et banale une destination extraordinaire du tourisme urbain et culturel.
Il faut investir massivement dans le patrimoine historique, architectural et culturel de la ville et faire de Caen une destination à part entière! A commencer pour les croisiéristes dont les paquebots peuvent être accueillis dans le port à condition que ce dernier ne ressemble plus à une friche peu avenante.
Pour relancer commercialement le centre ville de Caen, il faut des flux nouveaux avec du pouvoir d'achat: d'abord des gens (et pas seulement des clients) qui viendraient d'abord pour une expérience personnelle et authentique en admirant un centre ville historique et patrimonial qui souffre finalement de n'avoir qu'un rapport utilitaire avec une chalandise locale qui le fréquente de moins en moins en croyant le connaître déjà. L'image de Caen auprès des Caennais n'est pas bonne et le diagnostic posé par Christophe Marchais (NDLR: l'ancien directeur du tourisme, dommage qu'il soit parti...) était le bon: valoriser le patrimoine historique et culturel et la qualité d'accueil pour les touristes pour que les Caennais soient, à nouveau, les fiers ambassadeurs de leur ville...
Mais pour faire venir les touristes à Caen (et pas seulement au Mémorial), il faut leur montrer une belle ville:
Avec une amélioration radicale de l'offre et de la qualité du service qui profitera aussi aux habitants (par exemple: un hôtel haut de gamme dans le palais Fontette un nouvel office du tourisme dans l'orangerie de l'abbaye aux Hommes, l'accessibilité pour les familles, les personnes âgées, les handicapés, améliorer l'accueil dans les commerces et les services publics avec des formations professionnelles adaptées).
Avec de belles architectures monumentales valorisées à visiter (ex: ouvrir à la visite le clocher Saint Pierre mis en lumière et doté d'un carillon, mapping sur l'histoire de la Normandie projeté sur les remparts du château).
Avec un musée qui explique la ville (un centre d'interprétation du patrimoine qui pourrait se trouver dans les beaux volumes de l'ancienne église de Saint Etienne Le Vieux et dans les locaux du superbe hôtel d'Escoville avec valorisation de la très grande richesse des fonds d'images sur la ville conservés localement et mise en valeur du travail de l'association Cadomus).
Avec un château ducal ayant, enfin, un contenu à la hauteur de l'histoire prestigieuse des lieux (ex: installer dans la salle de l'Echiquier l'exposition permanente "Normands peuple d'Europe" ou parcours de découverte sur Guillaume le Conquérant; création d'une sculpture publique dédiée au couple fondateur de la ville).
Avec une ville animée sur toute l'année avec des événements culturels (c'est déjà fait mais il faudrait une communication plus cohérente et plus ambitieuse).
Avec des parcours de découverte du patrimoine méconnu de la ville (c'est réalisé mais il faudrait être plus ambitieux avec une équipe complète de médiateurs du patrimoine).
Avec des espaces publics authentiques à contempler et à admirer (Sortir les cimetières dormants caennais de leur demi-abandon au risque du vandalisme faute d'une fréquentation suffisante. Valoriser la place Fontette et restaurer sa fontaine du XVIIIe siècle. Valoriser les pentes du château à l'occasion du passage du tramway avec la plantation d'un verger de pommiers et dégagement partiel des vestiges archéologiques récemment retrouvés rue de Géôle. Valoriser le chevet Renaissance de l'église Saint Pierre avec un miroir d'eau).
Avec la création inédite d'un grand parc public central d'accueil dans le centre ville piéton à partir de la place de la République: ce projet alternatif à celui que vous imposez, de fait, aux Caennais consisterait à fusionner les deux espaces concernés en un seul par la suppression des rues Georges Lebret et Auber et leur transformation en mail de promenade publique complétant les actuels alignements de tilleuls "à conserver et à compléter" comme le recommande le document d'urbanisme du Site Inscrit. Ce grand espace vert soulignant l'identité agreste de la ville de Caen, qui serait plus en accord avec nos préoccupations contemporaines sur les conséquences du changement climatique et qui soulignerait le lien intime, existentiel, entre le centre ville de Caen et sa Prairie, via la création d'un cheminement piéton dans le parc de la préfecture, pourrait s'ouvrir une grand' place publique carrée dégagée de toute circulation automobile par la prolongation en souterrain des actuelles trémies d'accès au parking souterrain jusqu'à l'amorce de la rue de Strasbourg, (ex rue du pont Saint Jacques) côté théâtre... La place publique ainsi dégagée d'un rez de chaussée à l'autre, reprenant son volume original pourrait être plantée de charmilles sous l'ombre desquelles on disposerait des bancs, chaises, tables et terrasses de cafés ou de restaurants adjacents. Les façades des immeubles seraient restaurées et mises en lumière et les aménagements commerciaux soumis à un cahier des charges qualitatif exigeant. Enfin, la statuaire publique rescapée des bombes de 1944 pourrait être mise en valeur sur la place: on pensera au beau Centaure de bronze d'Arthur Leduc (1878) mutilé lors de la dernière guerre et qui est actuellement exilé sur une pelouse derrière le Mémorial: tout un symbole! Au centre de la place, il faudrait, à nouveau une vraie fontaine avec un bassin et non pas une "fontaine sèche" (quel terrible oxymore!)... Ce n'est qu'une proposition qui a été récemment mise au débat public sur un réseau social bien connu et qui suscite, d'ores et déjà, bien des avis favorables ou non avec des propositions pour l'enrichir et l'amender.
Arrivé au terme de cette lettre, je ne peux que vous remercier de m'avoir lu non sans vous rappeler, tout Berrichon que vous êtes, que vous êtes aussi capable de pratiquer nos vertus normandes qui relèvent finalement d'un bon sens paysan universel: le pragmatisme, la lucidité et la patience. Sans vouloir vous flagorner, je tiens à vous dire que j'ai apprécié votre mesure et une certaine forme de sagesse de votre part à l'occasion de la dernière partie de clochemerle entre nos deux villes rivales normandes. Peut-on espérer la même sagesse de votre part sur les sujets abordés ci-dessus? La récente décision du gouvernement de renoncer à un projet inutile d'aéroport montre que les temps sont en train de changer: les citoyens sont prêts à vous accompagner dans l'aventure de mettre en oeuvre à Caen une authentique expérience de maîtrise d'usage démocratique.
Bien cordialement, avec mes meilleurs voeux de réussite pour Caen et la Normandie.