A force de penser contre nous-mêmes au risque de la haine de soi, de pratiquer un mépris pour nous-mêmes fondé sur tant de méprises, de subir un discours et des images fabriqués ailleurs mais qui prétendent parler mieux que nous le ferions nous-mêmes de notre région et des Normands, à force de clichés éculés le plus souvent négatifs, les Normands ont intériorisé un complexe d'infériorité savamment entretenu tant par le pouvoir médiatique et politique dominant parisien tout proche que par certains professionnels du chauvinisme breton qui prétendent à l'exclusivité de l'identité régionale positive à l'Ouest de la porte d'Orléans.
L'objectif sans qu'il y ait, pour autant, un complot (quoique...): détruire toute ambition ou toute prétention à la souverainetééconomique ou politique des Normands dans cet espace "interstitiel" qui sépare la région parisienne de la mer sous prétexte de mieux en contrôler l'enjeu d'intérêt national quitte à le mettre en péril car cette stratégie, qui n'en est pas une, d'abaissement de toute ambition normande entretenu depuis les années 1960 aboutit à la stérilisation d'un potentiel normand qui serait bien utile à la France!
Les chiffres parlent d'eux-mêmes et ils sont consternants:
L'économie maritime et logistique généré par la Basse Seine normande ne représente que... 0,2% du PIB de la région parisienne et... 7% du PIB de la Normandie (50 000 emplois tout au plus): si le potentiel maritime normand, en dépit d'une géographie exceptionnelle, est, à ce point envasé dans les statistiques, ce n'est pas à cause de l'envasement de l'Estuaire de la Seine mais plutôt par la faute de quelques siphons bouchés depuis trop longtemps dans quelques cabinets parisiens!
La Normandie aurait pu être une Hollande française, de par son histoire et par sa géographie de villes portuaires en réseau: le centralisme parisien, autoritaire, terrien et catholique en a décidé autrement en faisant fuir les Protestants normands en... Hollande et en entretenant une guerre quasi permanente contre l'Angleterre, du règne de Louis XIV à celui de Napoléon 1er. Certes, il y a bien eu la période faste ouverte en 1815 qui a permis le formidable décollage du port du Havre et un réveil bien réel de l'économie normande stimulé par l'exemple anglais tout proche mais cette belle époque normande a pris fin brutalement en 1944. La suite, on la connaît!
Ainsi, si l'on s'en tient à l'essentiel du potentiel normand, à savoir celui d'être la région française de l'économie maritime et de l'ouverture au Monde, il y a quelque chose de pourri dans le royaume de Paris où l'on se lamente à longueur de tribunes dans les journeaux, de colloques officiels et d'assises en tout genre du fait qu'un conteneur français sur deux ne transite pas par un l'un des deux grands ports maritimes nationaux et où on refuse, en même temps, d'émanciper la Normandie désormais réunifiée par Monsieur... Hollande, d'une tutelle infantilisante quand elle demande le droit d'expérimenter chez elle la régionalisation portuaire...
On nous dit: En matière de souverainetééconomique, de volonté politique, de projet ou de stratégie de développement ou d'intelligence territoriale, "la Normandie n'existe pas". Elle ne saurait être autre chose qu'une grandiose pièce de musée témoignant d'un passé prestigieux justifiant un week-end en amoureux ou en famille après trois heures passées dans les bouchons de l'A13 le vendredi après-midi...
Ils nous disent: "la Normandie c'est trop petit" car ils ne supportent pas l'idée qu'un projet économique innovant et ambitieux pour le XXIe siècle puisse être porté depuis un territoire qui remonte au début du Xème siècle. Tout à leur confusion entre projets et région dans des discours "technos"et confus sans âme ni imagination, ils refusent d'admettre que c'est précisément parce qu'il y a en Normandie l'heureuse et unique coïncidence entre la région des projets et la province des mémoires et des identités qu'il peut se passer enfin quelque chose d'important.
Car se sont les territoires les plus identifiés et les plus fiers de ce qu'ils sont qui font des projets. Non l'inverse !
On connaît bien ces arguments défaitistes que certains viennent jusqu'ici dégueuler sous nos fenêtres, arguments de mort-vivants plus morts que vifs, arguments de pantins pendus "en région" qui ne s'animent que par la main parisienne qui tire leurs ficelles "normandes" tout en croyant naîvement pouvoir continuer en 2017 comme dans les années 1960 sans rien changer parce que ces quelques grands boutiquiers capitulards et embusqués dans la vallée de la Seine entre le pont de Puteaux et le pont de Normandie, ne sauraient imaginer autre chose que la continuation de cette Normandie parisienne soumise et utile, qui leur permet de mener leurs petites affaires!
Tant qu'il est encore possible d'en faire avant que l'essentiel du trafic logistique national ne soit définitivement capté par Anvers ou Rotterdam ou que la dernière grande raffinerie de la Basse Seine normande ne ferme parce que la révolution industrielle verte et numérique de la transition climatique a décidé de ne pas attendre ceux qui sont trop occupés à mener le combat d'arrière garde... de trop!
On entend aussi ceci: "Les Normands, sont mous, indécis, pleurnichards, hypocrites, méfiants, radins, localistes et hypocrites". On pourrait rétorquer: "nous sommes légitimistes, légalistes, prudents et réfléchis. Nous respectons d'état de droit républicain même s'il nous maltraite. Nous ne posons pas de bombes et nous ne mettons pas le feu aux sous-préfectures car nous savons depuis 1944 ce que les mots de Liberté et de Droit peuvent signifier."
Depuis la fin de la Reconstruction et de la modernisation d'une Normandie que la Seconde Guerre Mondiale a laissé exangue et en ruines, le centralisme jacobin parisien ne cesse de nous culpabiliser en nous mettant sous le nez tout ce que, nous, Normands nous serions censés lui devoir alors qu'il faudrait plutôt inverser la charge de la preuve: la France, notamment à Paris, ne sait pas tout ce qu'elle doit à la Normandie!
Avec le retour à l'unité de commandement politique en Normandie, la mise en oeuvre d'une authentique stratégie d'intelligence territoriale régionale, d'un volontarisme normand en matière de développement économique, toutes choses mises en oeuvre par l'équipe d'Hervé Morin et qui commencent à donner, en moins de deux ans de réunification normande, des résultats notables plutôt positifs qui désespèrent tous les pisses-froids critiques des réalités normandes, il faut reconstruire totalement le discours produit sur la Normandie.
Il nous faut un discours normand sur la Normandie fait en Normandie par les Normands et pour les Normands car le meilleur moyen de convaincre les autres c'est d'être soi-même convaincu de sa propre valeur.
Et c'est d'autant plus urgent que l'actuel discours, mesquin, désastreux et minable, a pour fonction d'occulter le plus précieux aux yeux et aux oreilles des Normands qui ont, trop souvent, une image dégradée de leur région, faute de la connaître assez, quand il s'agit, non pas de l'épopée normande du XIe siècle, mais des aventures normandes du XXIème siècle...
Ah si les Normands savaient ce qui suit:
1) La Normandie est LA région-monde en France: parce que son prestige géo-historique, patrimonial et culturel est de notoriété mondiale. Parce que la Normandie fut la matrice de la civilisation anglo-saxonne qui dirige, aujourd'hui, la Mondialisation. Parce que située entre le Grand Paris et le Grand Londres, sur le littoral de la mer la plus fréquentée du Monde, notre région pourrait être LA région française de l'économie maritime et logistique. Parce que l'excellence des savoir-faire normands mêlant haute tradition et innovations est connue et appréciée dans le Monde entier.
2) La Normandie est LE laboratoire territorial pour expérimenter un développement alternatif au modèle actuellement dominant mais qui risque d'être rudement destabilisé devant le double défi de la transition écologique pour survivre au changement climatique et d'une révolution numérique et industrielle aux conséquences parfaitement imprévisibles. Parce que la Normandie est LE contraire de la concentration et de la centralisation en raison d'une géographie urbaine polycentrique exceptionnelle par son équilibre et par la régularité de son maillage qui permettrait la mise en oeuvre idéale d'un réseau des coopérations et des complémentarités tout particulièrement adaptéà la révolution numérique en cours. Parce que la Normandie a mis ses villes à la campagne avec une qualité de vie d'autant plus précieuse qu'elle va devenir un bien rare dans les mégalopoles.
Excellence, réseau, tradition, modernité, raffinement, identité humaniste ouverte sur le Monde, être Normand c'est un dandysme qui va réussir car notre Monde est épuisé par l'abrutissement général généré par le modèle économique encore dominant de l'individualisme matérialiste et consumériste qui "nous inflige des désirs qui nous affligent" (Alain Souchon): il faut redonner du sens à la vie humaine. Et si la Normandie peut encore servir à quelque chose au XXIe siècle en tant que projet économique régional, ce serait, bel et bien pour redonner du sens à la vie humaine par la qualité des productions, des propositions et des expériences normandes.
Le nouveau discours normand pourrait être celui d'une "géo-éthique", c'est à dire un humanisme enfin appliqué aux réalités économiques et sociales d'un territoire mettant en scène et en valeur la qualité des savoir-faire normands: une stratégie de communication plutôt inédite en France qui va être conduite par Philippe LENTSCHENER, l'un des communicants les plus influents en France en tant que spécialiste incontesté des stratégies de marketing territorial à qui Hervé MORIN et Philippe AUGIER ont demandé de réfléchir au cas particulier de la Normandie, la "région-monde".
Qui est Philippe LENTSCHENER?
Nous vous invitons à lire la fiche Wikipedia qui le concerne:
https://fr.wikipedia.org/wiki/Philippe_Lentschener
Philippe LENTSCHENER
Naissance le 3 mars 1957 à Boulogne-Billancourrt.
Titulaire d'une maîtrise de gestion et d’économie appliquée à Paris-Dauphine, Philippe Lentschener a étudié en formation continue à l’Institut de l’Ecole Normale Supérieure pendant 3 ans. Féru de rugby, il a été vice-président de 1996 à 1998, puis président de 1998 à 2001 de la section rugby du Racing Club de France, il est aujourd'hui membre du CA du Racing 92 dont il ne rate jamais un match. En 2004, Lentschener participe à la création du Journal Du Golf racheté 2 ans plus tard par le groupe Amaury. Il devient actionnaire d’un label de rock indépendant Recall Groupdirigé par son ami Alexandre Sap. Philippe Lentschener est marié et a 3 enfants. Il est fait chevalier dans l'ordre de la legion d'honneur le 14 juillet 2015.
Carrière
Philippe Lentschener commence sa carrière en 1980 en tant que chef de publicité chez Havas Trois ans plus tard il rejoint BDDP en tant que chef de groupe, il y restera 2 ans. Directeur de clientèle chez Saatchi & Saatchi de 1985 à 1987, il intègre alors Young & Rubicam ou il devient DGA de l’agence de Paris en 1991. Appelé en 1993, à la direction du développement de Saatchi & Saatchi Paris, Philippe Lentschener prend, en 1995 le poste de Directeur Général puis, celui de Président Directeur Général. En 2004, il est promu vice chairman Europe. En 2006, Saatchi & Saatchi nommée agence de l’année, il devient président du réseau Publicis en France, qu’il quitte en avril 2009. Publicis France sera nommé groupe de l’année pour son exercice 2008. Il crée ensuite une agence de consulting en avril 2009 : Valioo. En octobre 2011, Philippe Lentschener est nommé CEO de Mac Cann Wordgroup France. En janvier 2013, Philippe Lentschener s’est vu confier la présidence de la mission gouvernementale « Marque France ».
En janvier 2016 il fonde Beauworld Advisory et entre au comité consultatif de la start up Multivote. Il est un des très rares experts en image de marque nationale ou Nation Branding.
Communication politique
Philippe Lentschener est spécialiste de communication politique à ses heures. Il a conseillé plusieurs personnalités, lors d’élections nationales ou locales, campagnes législatives, présidentielles, ainsi que dans le cadre des primaires socialistes de 2007 et 2012. Il a conseillé des ministres d’état et des Presidents sur plusieurs continents. Lentschener intervient également en tant que conseiller stratégique auprès de plusieurs personnalités.
Interventions
Philippe Lentschener intervient en tant qu’expert sur les chaines d'information, CNews, BFM, LCP Public Sénat et en tant qu’intervenant régulier sur BFM Business dans les experts de l’éco et sur France 24 dans la semaine de l’économie. Il intervient lors de conférences françaises et internationales.
Bibliographie
- 2004 : La nouvelle renaissance, Cherche midi
- 2007 : L'odyssée du prix, Nouveaux Débats Publics
- 2009 : Rapport au nom de l'AACC sur l'avenir de la communication publicitaire
- 2016 : Marque France, Les éditions du Cerf