En 1960, dans le cadre du schéma de développement d'une Basse Seine normande transformée en intestin grand parisien avec tripes et boyaux épendus jusqu'à la mer au coeur d'une Normandie écartelée en deux par Paul Delouvrier en ... charcuterie, les Normands avaient déjà beaucoup donné pour peu recevoir: la Normandie, divisée en deux régions était destinée à recevoir les externalités malodorantes et encombrantes de la mégalopole parisienne en passe de devenir une "ville monde". C'est la raison pour laquelle il a fallu distinguer deux Normandie:
La Normandie basse-cour pour se mettre au vert et au bord de mer pour un prix de mètre carré plus raisonnable qu'à Paris.
La Normandie séquanienne pas si haute habitée par des Sévéso-Normands pour y mettre ce qu'un bobo parisien ne saurait tolérer durablement sous les fenêtres de son appartement agréablement décoré.
Cette triste servitude a duré plus de quarante années (1960- 2016) puisqu'elle fut aussi une servitude volontaire sinon un "pacte faustien" (on pensera aussi au Nucléaire du Cotentin que les Bretons ne voulaient pas voir chez eux...)
Il y a donc un passé sinon un passif de la passivité normande qu'il ne faudrait quand même pas prendre pour un atavisme: le retour à l'unité régionale normande, à une unité de commandement politique et à une vision stratégique et prospective d'un intérêt général normand depuis deux ans permettent d'espérer qu'on va enfin en finir avec cette relation de soumission quasi coloniale entre la région parisienne et la Normandie.
Car cette relation coloniale perdure tant dans l'ordre du symbolique (la mésestime de soi dans des cerveaux normands encore inhibés) que dans la plus concrète des réalités. Et il arrive, parfois, que les deux ordres se confondent, d'ailleurs jusqu'à la caricature...
Par exemple:
Le site LAFARGE de la carrière de Saint Vigor d'Ymouville, symbole du ... "trou normand"?
Au Havre, Lafarge fait le pari du Grand Paris
Christophe FREBOU
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Publié 21/09/2017 22:39
Eric Prieur, directeur général des activités granulats et Philippe Guibert, directeur général des opérations ciments chez Lafarge
Economie. Le cimentier investit 14,5M€ sur ses sites de Saint-Vigor d’Ymonville pour le recyclage des déchets de chantiers locaux et l’accueil à terme des déblais de construction du Grand Paris. Quid de l’emploi ?
C’est le propre d’un grand groupe industriel. Il passe par des phases de restructurations, de transformations ou d’investissements. Localement, l’année 2016 aura été marquée pour le groupe Lafarge, leader mondial dans le matériau de construction, par l’annonce de la transformation de sa cimenterie de Saint-Vigor-d’Ymonville en centre de broyage de clinker (constituant du ciment) importé. Avec, à la clé, la mise en place de mesures d’accompagnement se soldant par le maintien sur site de 39 salariés sur 144 et du licenciement de onze.
2017 est celle de l’annonce du développement de nouvelles activités portées par 14,5 millions d’euros d’investissements pour ce centre et la carrière lui étant historiquement liée. Alors que sur le site de l’ancienne cimenterie sera réalisé un appontement, la carrière est en cours de transfomation en un centre d’accueil, de gestion et de valorisation des déblais issus des chantiers. « À travers notre marque Aggnéo nous apportons une offre de services dédiée à l’économie circulaire et contribuons aux objectifs fixés par les politiques publiques», éclaire Eric Prieur, directeur général des activités granulats. La loi de transition énergétique pour une croissance verte du 18 août 2015 prévoit, à l’horizon 2020, que 70 % des déblais issus du BTP soient valorisés. Ceux déposés sur le site de Saint-Vigor d’Ymonville, souvent sous la forme de terre, contribueront, pour partie, au réaménagement de la carrière. S’étendant sur une superficie de 233 hectares, elle pourrait, à l’horizon 2034 être cédée par Lafarge sous la forme de terrains agricoles. D’autres seront recyclés, après tri et concassage, en matériaux utilisables de nouveau dans la constitution de bétons ou de sous-couche de construction routière.
Pour l’heure, l’activité se limite à l’aménagement. Le site d’accueil, mis en route en mai 2016, a réceptionné 45 000 tonnes de déblais au cours de son premier exercice. Cette année, Lafarge annonce un objectif de 100 000 tonnes. En grande partie un exutoire de chantiers du Havre et de sa région, notamment le réaménagement des accès du pont de Tancarville.
Le local par la route, le reste en fluvial
Les investissements vont s’étaler sur deux ans afin d’être dans les temps pour glaner les premières retombées du plus gros projet urbain en Europe : le Grand Paris Express (200 km de lignes automatiques, 68 gares). « Si le convoyage de déblais locaux se fait principalement par la route, ceux du creusement des tunnels du Grand Paris se feront par le fluvial »poursuit le responsable des activités granulats. À savoir à compter du second semestre 2018, après la connexion de la carrière au canal par un nouveau convoyeur.
Les anciennes cimenteries et carrière ont donc un avenir. Mais se pose néanmoins la question de l’emploi. Lundi soir, le conseil municipal votait à l’unanimité un vœu demandant que « Lafarge regarde avec une attention particulière » les candidatures déposées par les salariés ayant été licenciés. « Cette activité va pouvoir générer une quinzaine d’emplois. Trois, dans le domaine de la supervision, directement par Lafarge (ndlr : selon nos informations, deux chefs d’équipe et un électromécanicien). Douze par le sous-traitant que nous retiendrons», affirme Philippe Guibert, directeur général des opérations ciments.Nous accompagnons de manière très sociale nos employés dans leur recherche d’emplois lors de transformation de sites. Nous ferons tout notre possible pour que les personnes qui ont les compétences requises pour cette activité soient retenues par le sous-traitant. Evidemment nous ferons parvenir leur CV. »
Hier après midi, une délégation de syndiqués CGT du site accompagnés des élus communistes Jean-Paul Lecoq (député) et Nathalie Nail (sa suppléante) interpellaient des décideurs locaux venus assister à la cabane des entrepreneurs, à une présentation du projet. Pour le délégué syndical Fabien Leboucher, la réponse est toute trouvée. « Ce sont exactement nos compétences, celles de conducteurs d’engins. Nous sommes dans le cadre de la revitalisation du bassin d’emploi post-PSE. Ces activités doivent revenir de plein droit aux salariés. »
Christophe Frébou
Commentaire de Florestan:
Le propre d'un grand groupe industriel c'est d'être sale chez les autres... qui lui quémandent un peu de travail: cela doit être donc cela, la fameuse théorie du "ruissellement" des richesses et de l'emploi des territoires les plus riches vers les territoires les plus pauvres.