Le Pays de Bray est, peut-être, l'un des pays normands les moins connus... Sauf pour les initiés. L'héliotropisme, d'une part, (se barrer dans le Sud pour cuire au Soleil) et, d'autre part, le balnéotropisme le plus occidental possible (se barrer vers l'Ouest pour se peler de froid sur une plage bretonne) ne facilite pas la tâche des professionnels du tourisme normand et brayon en particulier: la proximité de la région parisienne ou de la métropole rouennaise et le développement des courts séjours d'un au deux jours, surtout les week-end est donc la seule opportunité.
Mais pour la saisir il faut proposer un service et une offre touristique plutôt imaginative, culturelle, nature de haut de gamme. Le Pays de Bray comme le Perche ou le Pays d'Ouche regorgent de douces et vertes retraites, de petits paradis nichés secrètement au fond des vallons, de jardins féériques, de forêts majestueuses comme des cathédrales et de superbes manoirs, châteaux et maisons d'hôtes pour être reçus comme roi et reine. Voilà les atouts maîtres du territoire pour tous les pays normands d'ailleurs et dont la valorisation sinon la défense et la protection devraient être des priorités dans les nouvelles politiques publiques locales qui commencent à s'élaborer à l'échelon inter-communal...
Mais l'article de Paris-Normandie à lire ci-après est assez révélateur d'un manque de vision stratégique sur les véritables urgences et priorités du sujet:
Renforcer l'attractivité touristique du Pays de Bray ne consiste pas simplement dans une réorganisation du réseau des offices de tourisme qui doivent mailler le territoire intercommunal (ici, en l'occurence, celui de l'intercom Eawy-Bray): s'il ne s'agit que de cela, on risque de passer à côté du sujet au risque de confondre la finalité avec le moyen de la mettre en oeuvre. Les touristes qui s'aventurent dans le Pays de Bray ne viennent pas pour visiter l'office de tourisme de Neufchâtel. Ils viennent voir le Pays de Bray pour profiter, tant qu'il en est encore temps, des attraits d'un beau pays rural encore authentique et relativement épargné par toutes les dénaturations banalement laides de ces trente dernières années !
Car le vrai sujet est là: quand va-t-on avoir le courage politique d'arrêter le MASSACRE actuellement en cours contre la beauté et la typicité de nos paysages ruraux et urbains?
On lira ci-après une liste non exhaustive de ce qu'il conviendrait de faire pour lutter contre l'enlaidissement général de nos villes et campagnes, lutte que les maires des intercommunalités devraient mener s'ils avaient davantage de moyens et de courage au lieu d'entamer un énième clochemerle pour savoir quel office de tourisme aura sa jardinière de bégonia la plus grande... Mais on doutera de la bonne volonté des intéressés puisque les élus locaux sont souvent les premiers responsables de la dégradation esthétique de leur territoire sous prétexte de l'embellir (sic!) ou de le moderniser en respectant les normes !
Ainsi, le château de Lagny Le Sec (dans l'Oise) n'existe désormais plus: le maire a voulu remplacer cette agréable bâtisse du XIXe siècle par un machin "multi-fonctions" très con-temporain. Les dirigeants publics français n'aiment pas le patrimoine français: la France devient moche en croyant ne pas être... moisie !
Tous les territoires français, sans exception (à la rigueur encore, peut-être, dans les parcs naturels régionaux et nationaux) sont atteints par cette lèpre hideuse... Quelques exemples visuels emblématiques à l'avenant:
1) Stopper le cancer des entrées de villes typiques de la "France moche": ronds points, boîtes commerciales métalliques aux enseignes et couleurs criardes
2) Sortir de la monoculture du trottoir goudron bordure en béton et de la chasse contre le moindre brin d'herbe
3) Eradiquer l'épidémie des lampadaires
4) Supprimer les trucs moches et souvent débiles posés au milieu des ronds points
5) Résister davantage à la grande distribution qui veut mettre une ZAC à l'entrée de chaque village
6) Résister davantage à Jean-Claude Decaux en supprimant les panneaux publicitaires 4 mètres par trois...
7) Stopper l'épidémie cubiste qui ravage actuellement l'architecture et revenir à une architecture plus respectueuse des harmonies locales (avec retour aux matériaux d'oeuvre naturels du pays)
8) Sauver et réhabiliter le petit patrimoine bâti rural et urbain de la destruction par l'abandon, l'ignorance, le vandalisme (souvent édilitaire), la démolition totale
9) Résister aux promoteurs en exigeant d'eux une qualité architecturale qu'ils méprisent.
10) Epargner les arbres, les rivières les champs, les haies, les mares, étangs et marais
11) Accompagner le retour de l'agriculture à la normale
12) Ne pas détruire églises désaffectées et manoirs abandonnés sous prétexte de ne pas savoir qu'en faire car ce serait trop coûteux à entretenir: dans bien des cas, l'église est le seul bâtiment d'architecture remarquable de la commune.
13) Lutter contre les éoliennes géantes, les lignes THT et autres grands projets industriels tombés du ciel qui contribuent à la pollution générale du paysage: les tartuffes écolos qui vantent au sujet des éoliennes un nouveau "pittoresque" paysager sont les premiers à n'en pas vouloir sous leur nez !
14) Refuser d'appliquer de façon aveugle tout un tas de lois, règles et normes qui créent sur le terrain des situations ubuesques: on pensera, par exemple, à la suppression des biefs des moulins sous prétexte de rétablir la continuitéécologique des cours d'eau.
Si le désastre actuel devait se poursuivre sur l'ensemble des pays normands mais aussi de tous les pays de France (car cette lèpre s'étend partout au nom du confort moderne et du respect des fameuses normes), il est à craindre que les touristes qui ne veulent pas se contenter de cartes postales iront chercher la beauté, la typicité et l'authenticité ailleurs qu'en France où l'on s'aveugle d'être le pays le plus visité du monde sous prétexte que 80% des touristes visitent Paris.
D'autres pays et d'autres régions européennes font plus attention à la qualité paysagère et architecturale que nous: pour la valorisation et la protection des paysages ruraux, les Britanniques et les Irlandais sont bien meilleurs que nous. Pour la protection et la réhabilitation à des fins d'accueil touristique des châteaux, manoirs, monastères et belles demeures, Portugais et Italiens sont plus doués que nous. Quant à la valorisation des espaces naturels, la protection des cours d'eau ou la reconstruction à l'identique des monuments historiques, Allemands et Scandinaves sont plus en avance que nous.
Car la France est un pays de culture politique et administrative autoritaire et centralisée dominée non pas par des artistes ou des historiens ou des géographes mais par des ingénieurs techniciens d'un côté et par des comptables de l'autre: c'est idéal pour construire des centrales nucléaires (dumoins cela le fut...) des Concorde, des TGV, de grands ouvrages d'art ou de belles routes bien droites avec des robots flasheurs pour faire rentrer davantage d'impôts.
Tant que la culture artistique et patrimoniale des décideurs publics français restera aussi nulle, le massacre en cours continuera sous le regard consterné des associations d'une société civile locale et régionale de plus en plus éveillée et réactive face à ce dégât général qui enlaidit toutes les villes et tous les territoires de France.
Après un tel constat, lire l'article proposé par Paris-Normandie pour nous informer des réflexions en cours pour l'avenir touristique brayon devient un exercice quelque peu... ridicule:
Bray Eawy. Nicolas Bertrand, le président de la communauté de communes, lance la réflexion et met en place une feuille de route sur l’organisation de l’accueil touristique sur le territoire.
«La répartition de points d’accueil sur le territoire doit être la première préoccupation de la communauté Bray Eawy », lance Nicolas Bertrand, le président. Alors que la saison touristique bat son plein en pays de Bray, l’élu souhaite mettre rapidement en place une feuille de route, pour que 2018 soit « l’année du tourisme en pays de Bray... »
Nicolas Bertrand répond ainsi à une interpellation d’Yvette Lorand-Pasquier, la vice-présidente de la communauté Bray Eawy, déléguée au tourisme, et conseillère départementale. Il dresse le même diagnostic que la vice-présidente : « L’été a été propice à de nombreuses rencontres et à un certain constat de déception : le potentiel de l’Avenue verte n’est pas assez exploité, sur de nombreux autres points nous pouvons faire mieux ! »
Un auditdu service
Nicolas Bertrand souhaite en premier lieu mener une réflexion sur le choix « du type juridique de la structure indépendante dont doit se doter l’intercommunalité en matière de tourisme ». La plupart des offices du tourisme fonctionnent aujourd’hui sur le mode associatif, alors que celui ce Neufchâtel-en-Bray est un service administratif qui dépend directement de la communauté de communes.
« J’ai demandéà notre directrice générale des services de réaliser un audit de l’ensemble des ressources financières affectées à ce service, poursuit Nicolas Bertrand, que ce soit en moyens humains, techniques, promotionnels ou de localisation... »
Ce dernier point demeure sensible, tant les élus locaux sont prompts à désirer pour leur territoire des structures susceptibles de fixer les touristes. La multiplicité des offices de tourisme, Neufchâtel, Forges, Gournay, La Feuillie, en pays de Bray, en est la preuve.
Le Pôle d’équilibre territorial et rural (PETR) mène d’ailleurs une réflexion globale sur le sujet.
Mais sur le territoire Bray Eawy, il ne demeure qu’une structure, celle de Neufchâtel-en-Bray. Est-ce suffisant, alors que Saint-Saëns dispose de nombreux atouts pour séduire les visiteurs ? Nicolas Bertrand annonce à ce sujet le lancement d’un questionnaire pour recueillir le souhait des 46 maires, « pour une répartition efficace de points d’accueil sur le territoire ».
« Il peut s’agir de points d’accueil temporaires, saisonniers, le point d’accueil central restant à Neufchâtel-en-Bray, précise Nicolas Bertrand. Concernant Saint-Saëns, il pourrait y avoir une structure plus pérenne. »L’élu annonce : « Je souhaite que nos services évaluent le coût d’ouverture au public de chacun de ces points d’accueil, tant en fonctionnement, avec des permanents ou des stagiaires, qu’en investissement, et j’insiste sur la nécessité d’utiliser les outils numériques... »Nicolas Bertrand souligne également la nécessité de respecter une « représentation géographique équilibrée du territoire... »
Le président de la communauté Bray Eawy espère pouvoir proposer, à l’issue de ce « large et pragmatique inventaire », une délibération sur la création d’une nouvelle structure « début 2018 ».
Quatre axes géographiques