La Normandie est encore une grande région industrielle et certains secteurs d'activité présentent une pénibilité et des risques pour les salariés. On savait déjà que cette pénibilité et cette souffrance au travail affectaient tout particulièrement les exploitants et ouvriers agricoles ou les marins pêcheurs. Il en va de même dans les secteurs industriels: nous avons, par exemple, plusieurs fois évoqué ici la question de l'amiante à Condé sur Noireau, question ouverte dès 1906 dans un rapport de l'inspection du travail du Calvados. Deux faits divers récents, peu relevés dans la presse régionale, le rappeleront:
1) Le chantier hors-normes de l'EPR de Flamanville n'arrête pas de faire parler de lui... en mal. Il n'y a pas que l'acier de la cuve du futur réacteur à poser problème. Le respect du code du Travail et des procédures de mise en sécurité qu'il exige pose aussi problème:
Chute d’un ouvrier sur le chantier de l’EPR de Flamanville
Le chantier de construction de l'EPR à la centrale nucléaire de Flamanville, dans la Manche. | Archives Philippe Chérel / Ouest-France
Un ouvrier travaillant sur le chantier de construction de l’EPR de Flamanville (Manche), salarié d’une entreprise prestataire, a été retrouvé inconscient vers 10 h, ce jeudi 6 avril 2017, à proximité d’un bâtiment électrique.
L’homme aurait été victime d’un malaise, selon le service communication du chantier de l’EPR. Il aurait chuté de sa hauteur et serait tombé dans un endroit situé un peu en contrebas du bâtiment.
Circonstances à déterminer
Deux pompiers du Grimp, le Groupement de reconnaissance et d’intervention en milieux périlleux, basés à Caen, se sont rendus sur place avec un hélicoptère. Néanmoins, ils ne sont pas intervenus car l’ouvrier a pu être remonté par ses collègues.
Il a été transporté, conscient, à l’hôpital de Cherbourg. Les circonstances de sa chute restent à déterminer.
Une recherche sur Google sur ce sujet précis des accidents du travail sur le chantier de l'EPR de Flamanville prend des allures tristement funèbres. A l'avenant:
On ne fera trop preuve de malhonnêteté intellectuelle en disant qu'il y a un lien structurel entre ces accidents mortels (et on ne parlera pas des autres accidents qui ne font que des blessés) et la dérégulation contractuelle et juridique qui préside à ce chantier décidément hors-normes...
2) Autre exemple symbolique pour la Normandie: après le secteur du nucléaire, le secteur de l'automobile avec cette tentative de suicide d'un ouvrier sur son poste de travail à l'usine Renault de Sandouville:
En Seine-Maritime, un salarié tente de se suicider dans l’usine Renault-Sandouville
Lundi 3 avril 2017, un salarié de l’usine Renault-Sandouville a tenté de mettre fin à ses jours sur son lieu de travail. Précisions.
Un salarié de l’usine Renault-Sandouville, près du Havre (Seine-Maritime), a tenté de mettre fin à ses jours sur son lieu de travail, lundi 3 avril 2017. (©Archives : R-T / Normandie-actu)
Un drame évité de peu. Lundi 3 avril 2017, vers 15h, un salarié de l’usine de Renault-Sandouville, près du Havre (Seine-Maritime), a tentéde mettre fin à ses jours sur son lieu de travail.
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Ses collègues le sauvent
L’homme s’est pendu avec, à côté de lui, un panneau mettant en cause son chef d’unité et son chef d’atelier, confirme la CGT àNormandie-actu.
Des collègues ont immédiatement accouru pour le relever et couper la corde. Aucun chef n’a appuyé sur l’arrêt d’urgence pour suspendre la chaîne de montage, s’indigne Nicolas Guermonprez, secrétaire CGT à Renault-Sandouville.
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Un CHSCT extraordinaire, mercredi
À la demande du syndicat, un Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) extraordinaire va se réunir mercredi 5 avril 2017 à 15h30, en présence de l’inspection du travail. Une procédure juridique de danger grave imminent aurait été déposée auprès de la direction.
Nous avons assez d’éléments pour prouver un fait de harcèlement à son encontre. Aujourd’hui, c’est l’ambiance générale de l’entreprise qu’on remet en cause. Nous avons eu 640 accidents de travail l’an passé. Le geste est là. La direction devra prendre ses responsabilités, poursuit le syndicaliste.
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Une enquête en interne et en externe
Selon Fabien Gloaguen, délégué Force ouvrière à Renault-Sandouville et membre du CHSCT, une enquête va être déclenchée en interne et en externe pour déterminer les raisons de son geste. « Tout le monde est dans l’expectative. »
La réunion du mercredi 5 avril permettra de mieux apprécier les circonstances. Depuis lundi, le salarié est en arrêt et serait auprès de ses proches.
Une cellule d’écoute mise en place
Contacté, un responsable de la communication de Renault confirme la tentative de suicide du salarié, secouru par des collègues. « Le médecin du travail a pu agir très vite, la prioritéétait de prendre en charge la personne et ensuite les équipes et ses managers. Une cellule d’écoute a été mise en place », nous indique-t-on.