La figure historique et politique de Gustave Héon, alias "Tatave" est connue de tous les vieux militants de la cause de l'unité normande: on se souviendra que l'ancien sénateur-maire de Bernay et président du département de l'Eure s'était opposé avec la dernière vigueur de 1973 à 1981 à la création de la nouvelle région de Haute-Normandie au point de refuser de siéger lui et les élus de l'Eure. Les raisons?
Dans l'Eure on a toujours été favorable à l'idée d'unité normande car on a toujours craint la puissance de la Seine Maritime elle-même dominée par l'agglomération rouennaise, elle-même incapable de jouer son rôle véritable de métropole régionale normande puisque les Rouennais sont trop longtemps demeurés dans un tuyau dont l'une des extrémités est branchée sur la région parisienne.
C'était comme si la géographie locale rouennaise (notre métropole normande est lovée à l'intérieur d'un méandre très creusé l'isolant des plateaux normands sur les deux rives) dictait sa loi aux cerveaux rouennais. Pis! c'est comme si cette situation rouennaise pouvait justifier tous les préventions que les autres collectivités territoriales normandes pourraient avoir contre elle.
On dirait que cette malédiction qui avait frappé d'incapacité essentielle l'ex région de Haute-Normandie se poursuit aujourd'hui, malgré le retour à l'unité normande: exemple avec le contournement autoroutier Nord-Est de Rouen
Rouen Contournement Est de Rouen. Pourquoi l'Eure pose ses conditions et refuse de signer
Alors que le contournement Est de Rouen entre dans une nouvelle phase, le département de l'Eure refuse de s'engager financièrement, sans contrepartie. Explications.
Mise à jour : 21/11/2016 à 16:33 par Isabelle Villy
Le président de la Métropole Rouen Normandie Frédéric Sanchez réagit après la décision du Département de l'Eure, de ne ne pas s'engager financièrement pour le Contournement Est. (Photos DR, Normandie-actu)
Le 21 octobre 2016, à l’occasion d’un comité de pilotage sur le contournement Est de Rouen (Seine-Maritime) réunissant les collectivités intéressées au projet, la préfète leur demandait de signer une lettre d’intention, « portant engagement à financer la part de cette infrastructure qui leur revient ». Une lettre qui constitue « une pièce indispensable au dossier d’utilité publique », souligne la Métropole Rouen Normandie. La Métropole, la Région et le Département de Seine-Maritime se sont effectivement engagés à signer ce document d’intention, alors qu’un délai de réflexion d’un mois était laissé aux différents partenaires concernés.
L’Eure ne veut pas « signer le chèque »
Or, le Département de l’Eure« refuse de signer cet engagement », souligne la Métropole Rouen Normandie, prenant ainsi « le risque de faire échouer la constitution du dossier d’utilité publique pour saisine du Conseil d’État, et donc le lancement opérationnel de ce projet stratégique nécessaire du développement de nos territoires », regrettent les élus de la Métropole.
Je suis extrêmement soucieux. J’alerte d’ailleurs l’opinion publique et les décideurs économiques à ce sujet », indique Frédéric Sanchez, qui estime qu’il n’est plus temps « de se perdre en arguties », au moment où enfin ce contournement dont on parle depuis des décennies pourrait franchir une étape décisive. Une décision qualifiée de « désinvolture »
« Le président du département de l’Eure fait valoir une série d’autres sujets, comme la suppression du péage d’Incarville ou la traversée des poids lourds dans la Vallée de l’Andelle, par exemple, qui peuvent se comprendre quand on négocie », souligne le président de la Métropole. Mais il estime en l’occurrence, que ces sujets n’ont pas de lien avec le contournement Est et que refuser de « signer le chèque » est synonyme de « désinvolture », au regard de tout un territoire qui attend cette infrastructure depuis près de quarante ans, en ayant notamment vécu « le traumatisme de la fermeture du pont Mathilde ».
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Une motion votée en séance plénière
Sébastien Lecornu rappelle que le Conseil départemental de l’Eure a voté une motion, en séance plénière, en juin 2016, qui reconnait la nécessité du contournement, tout en posant « plusieurs conditions suspensives », qui sont les suivantes : la prise en compte des attentes du territoire en matière de protection acoustique, d’insertion paysagère et architecturale, de réduction des impacts fonciers et environnementaux, mais aussi la gratuité de l’infrastructure dans sa partie euroise et l’étude de la suppression du péage d’Incarville ».
Des conditions qui portent également sur « le désenclavement de la vallée de l’Andelle, la réalisation de l’infrastructure en 2×1 voie et l’absence de contribution supplémentaire du Conseil départemental de l’Eure, au-delà des coûts d’aménagement du réseau routier départemental, induits par le projet de contournement ».
Sébastien Lecornu demande le principe de solidarité
Le président eurois fait valoir que « le succès économique et technique du projet dépend des reports de poids lourds, se trouvant actuellement sur la RD6015 en traversée de la forêt de Bord et sur la RD321, parcourant la vallée de l’Andelle, vers le contournement. Ces routes à grande circulation remises par l’État au Département nécessitent d’être adaptées à leur futur usage, afin d’être cohérentes avec les interdictions de trafic de transit que la DREAL mentionne comme partie intégrante du projet », argumente Sébastien Lecornu, estimant qu’un principe de solidarité doit s’appliquer pour la gestion du flux de poids lourds.
Et sans la prise en compte de ces conditions, il annonce qu’il ne portera pas « devant les élus eurois, de délibération m’autorisant à signer un engagement financier, d’autant que le montant de ce dernier reste incertain ».