La course de demi-fond qui se prépare pour les 6 et 13 décembre 2015 afin d'élire le premier conseil régional de la Normandie contemporaine serait-elle une course à handicap? A moins qu'elle ne soit une course pour handicapés car on ne se remet pas aussi vite et aussi bien de plus de quarante années de paralysie hémiplégique !
A n'en pas douter, la question de la "capitale" sera le handicap capital: ceux qui auront clairement réglé leur position avant le top départ auront donc mis toutes les chances de leur côté pour remporter l'épreuve !
La position de clarté la plus confortable sur les "starting blocks" est pourtant simple:
ROUEN PREFECTURE REGIONALE / CAEN CONSEIL REGIONAL
pour ce qui est de la répartition équilibrée des exécutifs de l'Etat et de la Région
A lire ci-dessous les déclarations des élus normands concernés par la question (maires des villes concernés et têtes de liste départementales aux prochaines élections) certains ont tout compris(BRUNEAU, SANCHEZ, MORIN et SOUBIEN) d'autres n'ont rien compris du tout et passeront donc à côté du con-cours (THOMAS et CALBRIX) d'autres doivent encore un peu s'exercer (JUMEL) enfin, certains choisissent de se taire pour ne pas dire à nouveau quelques bêtises (ROBERT) tandis que d'autres préfèrent en dire le moins possible (BEAUVAIS MAYER-ROSSIGNOL) pour ne pas trop faire savoir qu'ils pourraient bien faire la course avec le handicap... capital !
- Lire ci-après, les réactions des principaux élus normands concernés suite aux décisions annoncés par le gouvernement le 31 juillet dernier quant à la future organisation de l'Etat déconcentré en Normandie:
Nicolas Mayer-Rossignol et Laurent Beauvais, présidents des Régions Haute et Basse-Normandie
Nous prenons acte de la nouvelle organisation des services de l’État en région. Le choix s’est fait sur la base de trois principes de bon sens : l’efficacité, l’équilibre et la proximité. Nous souhaitons que ces mêmes principes président demain à l’organisation des futurs services régionaux. (ndlr: quelle sobriété !)
Yvon Robert, maire de Rouen (Seine-Maritime)
Réuni en Conseil des Ministres ce matin, le Gouvernement a désigné Rouen comme chef-lieu de la nouvelle région normande. Cette décision constitue une étape importante dans la construction de notre région.
Il revient désormais à toutes les collectivités d’avancer main dans la main(sic !) et de porter l’objectif d’un territoire ambitieux, tant sur les plans nationaux qu’européens, pour réussir ensemble la Normandie de demain.
Frédéric Sanchez, président de la Métropole Rouen Normandie (Seine-Maritime)
Les décisions prises par le Gouvernement réuni en Conseil des Ministres le 31 juillet ce jour, constituent une étape importante pour la préparation de la naissance des nouvelles régions le 1er janvier 2016. C’est une étape importante aussi pour la Métropole Rouen Normandie.
La décision de faire de Rouen le chef-lieu de la Normandie est une reconnaissance de la situation spécifique qui est celle de la Métropole au sein de la nouvelle région, à l’instar de Bordeaux en Aquitaine-Poitou-Charentes-Limousin ou de Strasbourg en Alsace-Champagne-Ardenne… : son statut (la seule Métropole de Normandie, dotée par la loi de prérogatives particulières), son poids démographique, économique (plus du cinquième de l’emploi régional), qu’elle a atteint grâce au travail de rassemblement des territoires engagé depuis six ans.
À l’issue du processus de concertation engagé au printemps, le Gouvernement a donc fixé les axes et les règles du jeu qui permettent de poursuivre le travail de réorganisation des différents services de l’Etat dans les nouvelles régions. Trois maîtres mots guident ce travail : équilibre (reposant sur la complémentarité entre les territoires et notamment les grandes agglomérations), efficacité (l’enjeu est aussi de faire, intelligemment, des économies), proximité (avec les habitants, les territoires). Il y faudra aussi de la responsabilité et du pragmatisme, car c’est un enjeu de service public et d’emploi public local. Outre la reconnaissance du statut et du rôle particulier de la métropole rouennaise, l’attribution à Caen d’importantes directions régionales ainsi que de l’Agence Régionale de Santé et du Rectorat coordinateur traduit cette vision juste de l’équilibre des territoires en Normandie, de leurs spécificités et de leurs atouts respectifs, que je veux saluer. Je serai vigilant pour que cette triple exigence – équilibre, efficacité, proximité– prévale également pour la réorganisation des services régionaux. L’équilibre suppose bien sûr qu’aucune agglomération ne soit vidée de ses fonctionnaires régionaux.
La nouvelle Normandie est une chance pour nos territoires. Réussir la Normandie demandera que nous sachions nous rassembler, avec une attitude constructive, le sens des responsabilités, et le souci permanent du respect. C’est la condition pour que naisse une Normandie non seulement unifiée, mais unie : une Normandie où tous les territoires seront gagnants.
Joël Bruneau, maire de Caen (Calvados)
J’ai, par ailleurs, toujours affirmé que le succès de la Normandie demain réside dans trois principes qui ont structuré le voeu adopté par la Ville de Caen et Caen la mer il y a quelques semaines : équilibre, efficacité, proximité du service.
Ce sont ces principes que j’ai souligné lors de la manifestation Caen Cause Normand organisée par Caen la mer le 28 avril dernier et que j’ai défendu auprès du Ministre de l’Intérieur lors de mes entretiens avec lui à Paris puis à Caen au printemps.
De ces principes découlait une nécessaire répartition des grandes directions régionales de l’Etat – en préservant leur unité respective, et dans le respect des atouts spécifiques à chacune des villes. J’ai ainsi régulièrement rappelé qu’il était impératif de prendre en considération la centralité caennaise – qui a un sens pour les enjeux sanitaires par exemple – ou encore l’excellence caennaise en matière universitaire et de recherche.
Cette mobilisation de Caen, de son agglomération et de l’Ouest de la Normandie semble avoir été entendue par l’Etat qui propose de positionner à Caen des institutions majeures telles que l’ARS (Agence Régionale de Santé), le Rectorat, la DRAF (Direction Régionale de l’Agriculture et de la Forêt) et la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles).
Dans ce processus de réforme régionale, je continuerai d’être ambitieux et constructif pour notre Normandie, en défendant l’implantation à Caen du siège du Conseil régional – et pas seulement de ses réunions – toujours dans un souci d’équilibre. Je continuerai à promouvoir une Région normande qui saura s’appuyer sur Caen – Rouen – Le Havre pour relever le grand défi de demain et je continuerai d’attendre de l’Etat qu’il soit juste, cohérent avec les forces existantes et respectueux de ses engagements tel celui qu’il formule aujourd’hui sur la répartition des effectifs de ses agents.
C’est en s’appuyant sur tous ses territoires que la Normandie exprimera toute sa force.
Rodolphe Thomas, maire d’Hérouville Saint-Clair (Calvados)
Le gouvernement vient d’annoncer, en conseil des ministres, ses premières décisions concernant la réorganisation des services de l’Etat et d’arrêter la liste provisoire des chefs-lieux correspondant aux 13 nouvelles régions issues de la loi du 16 janvier 2015.
Je prends acte de cette décision qui intervient à 4 mois des élections régionales des 6 et 13 décembre 2015. Rouen a donc été provisoirement choisie pour être le futur chef-lieu de région au détriment de Caen. Cette réforme, qui est la conséquence de la réduction du nombre de régions, s’inscrit en contradiction avec les objectifs de proximité, de clarification et d’efficacité recherchés par le gouvernement.
Cette fusion des régions pose question quant à l’aménagement du territoire et au maintien de la proximité des services publics de l’Etat avec les citoyens. Elle pose question aussi quant au devenir de l’emploi public dans le département du Calvados.
Je déplore l’absence totale de réflexion et de concertation avec les élus locaux dans la méthode employée par le gouvernement. Cette réforme n’a de sens que si elle permet une juste répartition équilibrée de l’action de l’Etat sur les territoires entre ses services et ceux du Conseil régional.
Cette décision relève d’un choix purement politicien à la faveur de la Haute-Normandie qui est proche du gouvernement socialiste en place. Je tiens à rappeler que cette décision ne peut être que provisoire car seule la nouvelle gouvernance issue du scrutin de décembre prochain sera à même de décider du choix de la future capitale régionale et des orientations politiques pour l’avenir de notre grande région.
Il serait inconcevable que Caen ne soit pas la capitale politique de la Normandie réunifiée. J’appelle de mes vœux une grande mobilisation collective pour que le siège de l’Assemblée régionale et de l’ensemble de ses services (sic!) soit installéà Caen.
C’est la condition indispensable pour que s’épanouisse une véritable cohésion régionale en cours de détricotage par les élus socialistes haut et bas-normands. Les Normands ont besoin d’un nouveau projet ambitieux pour un développement attractif et créatif de la Normandie avec des élus plus combatifs qui s’engagent pour l’avenir de leur territoire et qui ne soient pas inféodés au pouvoir en place.
Sébastien Jumel, maire de Dieppe (Seine-Maritime)
Le Conseil des ministres de ce vendredi matin vient de confirmer que Rouen sera la capitale (sic !) de la nouvelle région Normandie. Je partage cette décision. Cela étant, ce qui compte bien plus à mes yeux, c’est le projet de cette future grande région et les conséquences sur la vie quotidienne des habitants.
Si l’on a la volonté de faire avancer l’ensemble du territoire régional, il convient de tenir compte de ses particularités, de la richesse de ses diversités, de renforcer le rôle des pôles d’équilibres Le renforcement du pays dieppois et de tout le nord de la Seine-Maritime est d’autant plus nécessaire qu’existe le risque d’une concentration des activités sur l’axe Seine.
Nous voulons valoriser notre dynamisme qui repose sur des secteurs d’activités diversifiées : la pêche et les activités maritimes en général, la métallurgie et la mécanique, l’automobile , l’agro-alimentaire, l’énergie, le tourisme etc. Conforter le Transmanche et moderniser le transport ferroviaire, y compris pour le fret, sont également des priorités pour un aménagement équilibré du territoire.
Aux rangs des pôles d’équilibre je pense également, sans que la liste soit limitative, à Alençon, Cherbourg, Evreux, Saint-Lô, Caen, etc.
Cela passe également par redonner aux collectivités locales les moyens financiers de contribuer à la relance des investissements créateurs d’emplois et de services de proximité. C’est d’un projet démocratique qui réponde aux besoins sociaux dont la Normandie a besoin.
Nicolas Calbrix, tête de liste « Debout la France » aux régionales
A l’issue du Conseil des Ministres, le gouvernement a présenté la liste provisoire des capitales des nouvelles régions. Sans surprise, les Socialistes ont décidé de concentrer, en Normandie réunifiée, tous les pouvoirs à Rouen, leur fief.
Les Normands assisteront donc à une concentration des pouvoirs politique et économique, et donc des richesses et des emplois, dans une seule et même ville de notre région. Alençon, Avranches, Evreux, Caen ou l’ensemble des villages normands pourront tranquillement voir fuir les promesses de développement au profit de la réalisation d’une super-métropole régionale. C’est la négation d’un aménagement équilibré du territoire !
Contrairement à la gauche et aux centristes, à Debout la France, nous ne limitons pas notre pays à ses métropoles.
Parce que les zones maritimes, rurales, périurbaines ou urbaines font toutes la richesse de notre région, nous souhaitons que la Région soit présente sur toute la région. Nous souhaitons un équilibre des fonctions politiques, économies et culturelles sur l’ensemble des villes et territoires normands. Le Conseil régional à Caen, la préfecture de région à Rouen, les institutions économiques au Havre. Nous souhaitons surtout qu’avec les progrès du numérique et de la dématérialisation, les directions administratives puissent être réparties sur l’ensemble du territoire (Direction des eaux et forêts à Alençon, Direction maritime à Cherbourg, Direction des transports à Evreux, Direction agricole à Saint-Lo…).
Le choix de Manuel Valls est encore provisoire. C’est la prochaine assemblée régionale qui pourra choisir la future capitale normande. La liste de droite gaulliste que je mènerai pour les régionales les 6 et 13 décembre 2015 défendra une autre conception de notre région où personne n’est oublié. Elle incarnera le renouvellement et la diversité de notre région.
Hervé Morin, tête de liste « UDI-Les Républicains » aux régionales
Ce matin, à l’issue du Conseil des ministres, Manuel Valls a entériné le choix de Rouen comme futur chef-lieu de la Normandie, même si la désignation définitive interviendra en 2016.
Compte tenu de l’importance de l’agglomération rouennaise, la plus peuplée de Normandie, il est logique que la représentation de l’Etat siège à Rouen, et que la préfecture de région reste de ce fait à Rouen.
Néanmoins, l’installation de l’Agence régionale de Santé et du rectorat ne suffira pas à créer l’équilibre indispensable à la réussite de la réunification normande. Si l’une des deux anciennes capitales a le sentiment d’être rétrogradée, la réunification, qui est pourtant une chance historique pour créer une nouvelle dynamique, sera un échec car les Bas-Normands entreront en résistance et fermeront portes et fenêtres.
C’est pourquoi, en accord avec les cinq présidents de départements et l’ensemble des parlementaires UDI et Républicains, nous créerons les conditions de l’émergence d’une nouvelle métropole construite autour du « triangle d’or » Rouen-Caen-Le Havre, qui sera, demain, le moteur de la croissance régionale normande.
Nous installerons le conseil régional à Caen et demanderons à l’Etat que les centres de décision soient bien répartis.
C’est une position d’équilibre et de clarté, contrairement à celle des socialistes, qui, après avoir souhaité tout mettre à Rouen, ont proposé de ne tenir à Caen que les séances du conseil régional.
La réorganisation territoriale est à la fois un défi et une chance que nous devons saisir. Nous ne devons pas seulement la faire, nous devons la réussir et la rendre pertinente au service de nos concitoyens par un équilibre des services et une gouvernance partagée.
Yanic Soubien, tête de liste « Europe écologie-Les verts » aux régionales
L’Etat a confirmé ce vendredi le choix de Rouen comme siège de la préfecture de la future région Normandie. Cette décision ne doit pas être le prétexte à des surenchères politiciennes ou à de nouveaux épisodes de concurrence entre les villes normandes. Elle doit, au contraire, constituer une étape d’un processus plus large visant à une Normandie unie donc équilibrée.
De ce point de vue, les annonces de l’Etat sont conformes aux attentes exprimées par les acteurs régionaux : Rouen, Caen et Le Havre, mais aussi d’autres villes normandes, accueilleront différentes structures de l’Etat, garantissant sa présence et son action dans toute la région. Les écologistes plaident depuis plusieurs mois pour une vision décentralisatrice et multipolaire de la future Normandie : construire la région, faire Normandie, ce ne peut consister à installer toute l’administration dans une seule ville, ou penser que tout le développement régional viendra, comme par rayonnement, d’un seul ensemble. La décision de l’Etat est donc un premier pas dans cette direction.
Au cours de la campagne des élections régionales, et dans les semaines qui suivront l’installation de la nouvelle assemblée, nous soutiendrons cette vision, et plaiderons notamment pour l’installation à Caen du siège de la future Normandie.
Commentaire de Florestan:
Si l'on s'en tient aux têtes de listes engagées dans la future course aux régionales normandes, Yanic Soubien et Hervé Morin ont pris la bonne option.Nicolas Mayer-Rossignol qui défend, discrètement, le regroupement des exécutifs de la région et de l'Etat à Rouen risque de partir avec un sérieux handicap. A croire que Laurent Fabius lui-même lui met des bâtons dans les jambes !
QUANT A PARLER D'UN PROJET REGIONAL NORMAND... ON DEVRA ATTENDRE LA FIN DE LA COURSE !