Après la fin programmée d'Automne en Normandie (trop éclectique ou élitiste...), après la fin du festival du film Nordique et la fermeture de seul grand cinéma d'art et d'essai dans le centre ville de la future métropole normande, voici qu'on apprend qu'un autre festival (haut) normand risque à son tour de fermer... Bien entendu, les clochemerleux Cancaennais ne manqueront pas de souligner que du côté de Rouen, le rayonnement et l'attractivité culturelle ne se porte pas très bien.
A l'Est il n'y aura plus de ... nouveau !
C'est vrai que la cultureuse caennaise pourrait se gausser de l'insuffisance rouennaise en ce domaine mais au risque de l'injustice (car on ne peut hélas tout savoir) et de la... bêtise ! (Ce qui serait vraiment bête de la part d'un intello ... caennais !)
Par principe, nous ne devons pas nous réjouir de la mort d'un festival en Normandie.
Mais notre devoir consiste surtout à souligner que dans le cadre de la future unité normande il faudra réorganiser, prendre le meilleur des expériences menées en Basse ou en Haute Normandie, mutualiser pour éviter le saupoudrage et les doublons: l'agenda culturel est désormais ni haut, ni bas et encore moins caenno-rouennais, il est normand !
Le potentiel de la Normandie est tellement impressionnant que notre région pourrait devenir la première destination culturelle régionale française juste derrière l'ïle de France. C'est ce que le festival "Normandie Impressionniste" a pu démontrer malgré ses détracteurs...
Il faut désormais travailler en réseaux d'acteurs, en cohérence avec ce qui peut être proposé ailleurs dans la région et proposer une visibilité médiatique claire, simple et pratique de la richesse extraordinaire de la proposition culturelle normande sur toute l'année (car en Normandie, la saison culturelle c'est pendant les quatre saisons...)
Bilan inquiétant pour le festival À l’Est du nouveau à Rouen
Danger. À l’heure des dernières projections, ce soir à L’Omnia, bilan inquiétant du festival À l’Est du nouveau.
Encore un festival en sursis. Un de plus. Dire ainsi serait banaliser une endémie, près de 200 au national, et sonner l’appel aux morts en Normandie : cinéma asiatique de Deauville, canadien de Dieppe, coréen de la Fac de Rouen. Un quatrième serait à inscrire sur la liste des victimes mais la famille veut croire encore au miracle.
«Oui», répond Marketa Hodouskova à la question de savoir si le pronostic vital est engagé. Unique salariée, la directrice exécutive du festival À l’Est du nouveau compte sur la passion des 25 bénévoles pour finaliser cette 10e édition qui s’achève aujourd’hui, avec la projection de trois films à l’Ariel et à l’Omnia, et concert à L’Ubi.
En cause, le financement. Pour un budget de 50 000 €,«il en faudrait le double», lance la programmatrice. Alors, avec 15 000 € réunis par Ville, Département et Région, les collectivités locales jouent-elles le jeu ? «Surtout après la mort du festival du cinéma nordique et le Melville qui tire le rideau. Les deux étant intimement liés», analyse Guy Foulquié, entrepreneur et attaché de presse à titre gracieux en surlignant les délocalisations de l’événement à Elbeuf et Yvetot.
Le salut à l’ouest
Étonnamment, la raison de la survie du festival des films d’Europe centrale et orientale est à chercher du côté de Lima et de Buenos Aires. La déclinaison péruvienne, Al Este de Lima, draine 12 000 spectateurs. «Le soutien de l’organisation de promotion touristique, et la culture du partenariat d’entreprise [une grosse boîte de télécoms] n’est pas courante ici. Alors que beaucoup de sociétés d’ici exportent en Slovénie ou ailleurs.»
En Argentine, pays voisin, la seconde édition de Al Este del Plata se prépare pour août dans la capitale et à Cordoba. Mais alors pourquoi cette fièvre sud-américaine pour les Balkans ? David Duponchel, fondateur du festival, a fréquenté l’académie du film de Prague, République Tchèque, et enseigne à l’ombre du Machu Pichu ! Madre de dios.
Autre samaritain d’À l’Est du Nouveau, l’Union européenne. «Elle veut faire œuvre utile pour les peuples face à l’histoire. Du Kossovo par exemple. C’est une subvention fragile car accordée sans aucune assurance d’être renouvelée. À caractère exceptionnel», poursuit l’homme également spécialisé dans les cultures syriennes et babyloniennes. «Rouen n’existe pas sur la carte. Ce n’est pas si évident de faire venir des réalisateurs à Rouen.»
Et de faire dormir un nominé aux Oscars chez l’habitant. Mœurs de province avait sous titré Flaubert pour Madame Bovary.
PHILIPPE TUAL
p.tual@presse-normande.com
Site: www.alest.org