Au surlendemain de la journée historique du vote à l'Assemblée Nationale de la Réunification de la Normandie, la presse régionale normande rend compte comme elle le peut de cet événement ainsi que de ces conséquences. Alors qu'un enthousiasme normand s'est littéralement emparé des journalistes de la rédaction de Paris-Normandie, dans une ambiance de "printemps normand" au point que, selon nos informations, le préfet de région de Haute-Normandie Pierre-Henry Maccioni a fait pavoiser son bureau aux couleurs normandes, on constatera que de "l'autre côté de l'eau" (doit-on parler du "rideau de fer") la ligne officielle anti-normande de la Pravda ligéro-bretonne (alias Ouest France) persiste comme une obsolescence d'un autre temps:
Jean-Jacques LEROSIER, rédacteur en chef à Ouest-France Caen mène un vrai combat d'arrière garde ! Qu'il prenne garde que son combat d'arrière garde anti-normand ne lui vale, un jour, quelques problèmes d'arrière... train !
En tout cas, le "défaitisme" bas-normand fustigé non sans raisons par Laurent Beauvais, président de région en Normandie depuis 2008, a son épicentre à la rédaction Ouest-France de... Rennes !
Le Christ lui-même ne disait-il pas qu'il ne fallait pas mettre le vin nouveau dans de vieilles outres ?
La réunification normande est notre seul vin nouveau pour nous permettre de nouvelles réjouissances collectives et un avenir ici et maintenant: certaines vieilles outres qui ont fait leur temps devraient sans tarder partir à la retraite !
La une enthousiaste et 100% normande de Paris Normandie en date du 26 novembre 2014: depuis juin dernier et la confirmation de l'unité normande, les articles pédagogiques plutôt "pro-actifs" normands se succèdent dans les pages du quotidien régional rouennais...
Mais de l'autre côté de l'eau, tout autre musique...
Par exemple, ce 27 novembre 2014 dans les pages "normandes" de l'édition caennaise de Ouest-France, journal qui n'a traité qu'en pages intérieures, le vote historique des députés normands à l'Assemblée Nationale le 25 novembre 2014.
"LA NORMANDIE, C'EST LOIN D'ETRE UNE EVIDENCE " titre de façon sententieuse l'organe de la propagande bretonne dans le Grand Ouest ! En ayant à l'esprit ce que certains aspects de l'identité régionale bretonne peuvent produire, on aurait preque envie de rétorquer: TANT MIEUX !
Commentaires de Florestan:
Jean QUELLIEN, professeur émérite d'histoire à l'université de Caen n'est pas dupe de la manoeuvre et sa présentation de l'histoire normande est objective. Mais qu'il nous permette seulement d'ajouter quelques éléments omis dans cet entretien qui montrent que la complexité et la richesse de l'histoire normande interdisent d'en faire une évidence identitaire ce qui n'interdit pas pour autant l'existence d'une identité régionale normande qui, visiblement, n'intéresse pas le journaliste de Ouest-France puisque ce dernier n'y croit pas.
1) Effectivement l'idée de Basse et Haute Normandie se met en place sous l'Ancien Régime: il faut rappeler que la frontière se situait sur les marais de la Dives ce qui fait que l'Est de l'actuel département du Calvados (Pays d'Auge) est Haut-Normand et que le Sud-Ouest de l'actuel département de l'Eure (Pays d'Ouche) est Bas-Normand: la réunification de la Normandie c'est donc la réunification de la Basse-Normandie et de la Haute-Normandie.
2) Les Constituants de 1790 n'ont pas fait éclater la Normandie ! Bien au contraire: ils en ont refondé l'unité en supprimant les divisions fiscales de l'Ancien Régime et en les transcendant par le nouveau découpage départemental en cinq départements (le Calvados, département de l'unité normande)
3) L'historien François Guillet a montré que la Normandie fut la première région de France où, dès 1820, s'est reformulée l'idée de province ou de région après la Révolution sur la base d'une identité non identitaire faite de contemplation intellectuelle et esthétique d'un patrimoine architectural, historique et naturel prestigieux, attirant les touristes Anglais, les peintres et les tous premiers archéologues médiévistes...
4) L'historien Jean Quellien a omis d'évoquer les circonstances de la mise en oeuvre en Normandie de la réforme créant les Etablissements Publics Régionaux (EPR) ancêtres de nos actuels conseils régionaux en 1972 car le débat a fait rage au point que le président du conseil général de l'Eure et sénateur-maire de Bernay Gustave Héon a refusé de siéger ainsi que les autres élus de l'Eure au nouvel EPR de Haute-Normandie pour protester contre la division normande: l'EPR de Haute-Normandie ainsi paralysé par cette grève du siège des élus de l'Eure sera placé sous la tutelle du préfet de région jusqu'en 1982.
5) Enfin, un historien émérite de l'université de Caen aurait dû ne pas oublier de rappeler que l'académie de Caen s'étendait sur les cinq départements Normands plus la Sarthe jusqu'à l'orée des années 1970 !
Comme quoi l'histoire de la Normandie est trop compliquée pour Ouest-France !